TV: Une peuplade entre deux mondes
TV: Une peuplade entre deux mondes
Par Christine Rousseau
Aux Philippines, en plein cœur de la jungle, rencontre avec les Tau’t Batu qui tentent de survivre selon leurs traditions (sur France 5 à 23 h 50).
Le dernier refuge extrait
Durée : 01:49
Si la case scientifique du mercredi soir de France 5 fait la part belle à l’architecture, au patrimoine et à l’archéologie, on peut regretter – sauf à la faveur de rediffusion – que l’ethnologie soit reléguée le dimanche après-midi. Alors même que la chaîne lui a trouvé un écrin à travers la collection « Humanités ». Lancée en 2015, celle-ci nous a permis de découvrir des ethnies souvent menacées par la modernité telles les Miao en Chine, les Bushmen de Namibie ou encore les Indiens du Dakota.
Bouclant cette deuxième saison, Le Dernier Refuge, de Jean-Michel Corillion, nous entraîne aux Philippines. Plus précisément, au sud-ouest de l’archipel, sur l’île de Palawan, où les scientifiques découvrirent en 1978 l’existence des Tau’t Batu (« gens des rochers ») : une peuplade vivant dans des grottes en plein cœur de la jungle, et que les différents gouvernements de Manille veulent à toute force sédentariser.
Or, depuis deux ans, certaines familles, devant les difficultés à trouver du travail (autre que les basses besognes qu’on leur confie) et à s’adapter au sein d’une population qui souvent les méprise – sans parler de la muséification dont ils font l’objet – ont choisi de regagner la forêt. Non sans déchirements face aux proches qu’ils laissent derrière eux et au remords de ne pouvoir réaliser leur rêve : scolariser leurs enfants.
Tau’t Batu | © Kwanza
Malgré les mises en garde des autorités sur les dangers qu’il y avait à suivre les Tau’t Batu, Jean-Michel Corillion filme leur périple au sein d’une forêt qui ne semble avoir aucun secret pour eux. Tout comme les grottes où ils retrouvent les leurs, en particulier le chef chamane qui, à lui seul, aurait mérité un portrait. Là, durant quelques jours, le réalisateur les accompagne dans leur quotidien, fait, pour l’essentiel, de pêche et de chasse. Avant qu’une explosion, dont on ne connaîtra pas la cause, ne vienne interrompre son séjour.
Trop bref pour appréhender véritablement cette ethnie de chasseurs-cueilleurs, ce film, bancal dans sa construction, s’accompagne d’un commentaire de surcroît inutilement bavard, voire versant dans le pathos, quand on aurait aimé avoir davantage d’éléments sur l’histoire de cette ethnie, leur mode de (sur) vie et leurs coutumes.
Le Dernier Refuge, de Jean-Michel Corillion (Fr., 2015, 55 min).