Documentaire sur Canal+ à 21 heures

Meru - Bande Annonce (VOST)
Durée : 01:31

Le camp de base se trouve à 4 419 mètres d’altitude. Ne reste plus qu’à franchir une sorte de mer glacée, puis une paroi ultraverticale gelée et, enfin, escalader une pointe en granit instable en forme d’aileron de requin appelée Shark’s Fin… Bref, 1 891 mètres d’un intense calvaire. Se poser sur l’un des pics du mont Meru – qui culmine à 6 310 mètres – se mérite. Cette montagne himalayenne, située au nord de l’Inde, est réputée pour être extrêmement difficile, voire imprenable. Tous les plus grands grimpeurs « se sont cassé les dents » en tentant de la gravir. En 2011, trois alpinistes américains ont néanmoins réussi – après avoir échoué trois ans plus tôt – à se hisser jusqu’au sommet en passant par le fameux Shark’s Fin, une voie bien plus ardue et complexe que celle qui mène au toit de l’Everest.

Le documentaire Meru, l’ascension impossible suit en immersion les deux expéditions deJimmy Chin, Conrad Anker et Renan Ozturk, trois hommes, grimpeurs expérimentés, qui sont reconnus pour être des dompteurs de sommets éternels en Afrique, en Asie ou en Amérique du Nord. Ils ont un rêve, devenir les premiers à prendre Meru et tant pis s’il faut y perdre quelques doigts ou la vie. Pourquoi vouloir planter son piolet à tout prix au sommet ? « Pour la vue », s’amuse Conrad Anker, qui a découvert le corps du célèbre alpiniste britannique George Mallory sur l’Everest en 1999.

Marcher à la verticale par – 20 °C

Sacrée expédition que d’escalader le mont Meru : près de deux semaines à marcher à la verticale par – 20 °C, seuls, sans sherpas pour porter le paquetage, qui pèse une centaine de kilos, ou pour préparer le couchage. On les voit manger un bout de fromage ou de salami, fumer une cigarette et dormir dans un portaledge, sorte de lit de camp recouvert d’une tente. Avoir une confiance absolue en ses partenaires de cordée et « gérer les risques » est indispensable, ainsi que l’expliquent les grimpeurs tout au long du documentaire. Le moindre doute peut être fatal, car « Meru est implacable », lance Renan Ozturk.

Ce film impressionnant suit au plus près ces trois alpinistes, donnant au téléspectateur le sentiment d’être le quatrième grimpeur de la cordée. Au point de ressentir la fatigue, les hésitations, les peurs, les excitations de ces compagnons de l’extrême avec qui l’on partage les sons – le bruit de la pierre ou d’une avalanche – ou le souffle glacial des sommets. Loin d’être un mode d’emploi destiné aux spécialistes de la montagne, ce documentaire s’adresse bien au contraire aux profanes, à qui est donnée l’occasion de découvrir la réalité d’une ascension.

Meru Expedition, Garwhal, India en 2011 | Jimmy Chin / Renan Ozturk

Lors de leur première expédition en 2008, les trois Américains avaient échoué à 100 mètres du sommet. Trois ans plus tard, ils ont failli ne plus jamais revoir Meru. En effet, Jimmy Chin a risqué sa vie dans une avalanche et Renan Ozturk s’est ouvert le crâne lors d’une sortie à ski. Après cinq mois d’une rééducation intensive, ce dernier a tenu à accompagner ses deux partenaires. Epuisé, à deux doigts de faire une attaque cérébrale, il réussit cependant, lui aussi, à s’asseoir sur le pic et à caresser les nuages à 6 310 mètres. Ce documentaire – huis clos en haute altitude sans effets spéciaux – est un hymne à l’alpinisme – pratique dangereuse s’il en est.

Meru, l’ascension impossible, de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi (Etats-Unis, 2015, 85 min).