Le djihadiste français Nicolas Moreau condamné à dix ans de prison
Le djihadiste français Nicolas Moreau condamné à dix ans de prison
Le Monde.fr avec AFP
Ce délinquant multirécidiviste avait passé près d’un an et demi dans les rangs de l’organisation Etat islamique, en Irak et en Syrie.
Le palais de justice de Paris, le 18 janvier 2013. | THOMAS SAMSON / AFP
Jugé pour avoir combattu un an et demi dans la zone irako-syrienne, le djihadiste français Nicolas Moreau, 32 ans, a été condamné, lundi 2 janvier, à dix ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris. Sa peine a été assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Il a refusé d’être extrait de prison pour entendre ce délibéré. Dix ans avaient été requis contre lui le 14 décembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, qui le jugeait pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Ce délinquant multirécidiviste est le frère de Flavien Moreau, premier djihadiste français condamné à sept ans de prison au retour de Syrie, en novembre 2014.
Converti en prison
Né en Corée du Sud, adopté à quatre ans par une famille française, Nicolas Moreau a versé dans la délinquance après le divorce de ses parents adoptifs, se convertissant à l’islam en prison, où il a passé cinq années, notamment pour des vols avec violences. Sa trajectoire est similaire à celle de son frère, Flavien Moreau, son cadet de deux ans, lui aussi d’origine coréenne.
Mais si Flavien ne passe que quelques semaines dans la zone irako-syrienne, Nicolas, lui, va y rester près d’un an et demi, combattant à la fois en Syrie et en Irak. A l’été 2014, il ouvre même pendant trois mois un restaurant à Rakka, avec le « butin de guerre » amassé.
Loquace sur son séjour
Lors de l’audience, Nicolas Moreau n’a pas été avare de détails – contrairement à d’autres djihadistes. Il a rapporté que pendant dix-sept mois, son rôle ne s’est pas limité à des tours de garde. Il a participé à « plusieurs opérations », affirme-t-il.
Les mains croisées derrière le dos, il raconte avec aplomb avoir pris part à une inghimasi – une opération kamikaze, dans la terminologie de l’organisation Etat islamique (EI) – « dont [il] avai [t] 10 % de chances de revenir vivant ».
Si, en juin 2015, il a fini par fuir l’EI, c’est à cause des « exactions, des tortures, des têtes coupées », rapporte-t-il à l’audience.
« J’ai pris conscience des excès de Daech [acronyme arabe de l’EI]. Ils font du bourrage de crâne, ils torturent les prisonniers. Ils font la misère même aux musulmans. »
« Je reprendrai les armes »
Nicolas Moreau met également en avant les « renseignements de premier ordre » qu’il aurait fournis à la justice française, qui lui vaudraient d’être menacé dans la prison de Fleury-Mérogis.
A sa descente de l’avion, Nicolas Moreau avait évoqué, lors d’une audition, un certain Abou Souleyman qu’il aurait croisé en Syrie. Il affirme aujourd’hui que c’était Mohamed Abrini, l’un des auteurs présumés des attentats de Bruxelles.
Après les attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis, il avait envoyé un courrier au juge, dans lequel il écrivait qu’il avait croisé Samy Amimour, l’un des trois kamikazes du Bataclan, à Rakka.
A la barre, mettant en avant sa volonté de se marier et de se ranger, il n’a pas hésité à prévenir ses juges : « Si vous me mettez une lourde peine, cela va être plus dur de me réinsérer. Je reprendrai les armes. » Un argumentaire qui n’a visiblement pas convaincu.