Burkina Faso : le principal commanditaire de l’attentat de Ouagadougou identifié
Burkina Faso : le principal commanditaire de l’attentat de Ouagadougou identifié
Par Morgane Le Cam (contributrice Le Monde Afrique, Ouagadougou)
Mimi Ould Baba Ould Cheickh, un Malien arrêté en janvier, est présenté par les autorités burkinabées comme le « commanditaire principal ».
Il aura fallu quatorze mois aux autorités burkinabées pour identifier les cerveaux de l’attentat de Ouagadougou, qui avait fait 30 morts et près de 70 blessés le 15 janvier 2016.
Le Malien Mimi Ould Baba Ould Cheickh, arrêté au Mali en janvier, a été présenté par l’état-major de la gendarmerie nationale comme le « commanditaire principal » de cette attaque perpétrée au café-restaurant Cappuccino et à l’hôtel Splendid, sur l’avenue Kwame N’Krumah.
Ibrahim Ould Mohamed, un Malien également impliqué dans l’attentat de Grand-Bassam qui avait fait 19 morts le 13 mars 2016, a quant à lui été identifié comme le « transporteur des armes et équipements » qui ont servi à l’attaque de Ouagadougou.
« Anciens pensionnaires »
Les deux hommes, « anciens pensionnaires du site de réfugiés de Mentao », près de Djibo, au nord-ouest du Burkina Faso, sont passés aux aveux lors d’une mission conduite par le ministère de la sécurité à Bamako.
Selon la gendarmerie, Mimi Ould Baba a affirmé avoir été présenté à Mohamed Ould Nouiny, alias Al-Hassan, dans le nord du Mali. L’adjoint de Mokhtar Belmokthar, chef du groupe Al-Mourabitoune (affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique, AQMI) qui a revendiqué l’attentat de Ouagadougou, aurait promis à Mimi Ould Baba une prime de 10 millions de francs CFA (environ 15 000 euros) en échange de ses services.
Près d’un mois avant l’attentat, le terroriste malien aurait effectué un repérage en compagnie d’un Nigérien du nom d’Abderrahmane. « Les sites repérés, visités, photographiés et filmés sont le café-restaurant Cappuccino, le restaurant Le Verdoyant et la devanture du Splendid Hôtel », précise le colonel Serge Alain Ouedraogo, chef d’état-major adjoint de la gendarmerie.
Les deux hommes seraient ensuite retournés au Mali avant de revenir au Burkina Faso, début janvier 2016, avec l’armement. « Le matériel de l’attaque a été soigneusement dissimulé dans un pneu de camion semi-remorque que Mimi a fait convoyer au Burkina Faso par les soins de son lieutenant Ibrahim Ould Mohamed contre une promesse ferme de 1,5 million de francs CFA », ajoute le colonel Serge Alain Ouedraogo.
Deux hommes encore activement recherchés
Les autorités burkinabées n’ont pas livré l’identité des trois jeunes assaillants qui avaient perpétré l’attaque. Seuls leurs surnoms ont été révélés dans la revendication d’Al-Mourabitoune : Al-Battar Al-Ansari, Muhammad Al-Buqali Al-Ansari et Al-Fulani Al-Ansari. Venus du Mali, les trois terroristes – âgé entre 19 et 25 ans selon le parquet de Ouagadougou – seraient entrés sur le territoire burkinabé une semaine avant l’attentat, en compagnie de Mimi Ould Baba.
L’équipe aurait séjourné dans une mini-villa louée pour l’occasion grâce à l’entremise de deux Burkinabés, interpellés depuis. « Au moment où les coups de feu crépitaient, seuls les trois assaillants étaient encore dans la ville de Ouagadougou », poursuit le colonel Serge Alain Ouedraogo. Les deux cerveaux, Mimi Ould Baba et Ibrahim Ould Mohamed étaient déjà repartis en direction du Mali.
Deux personnes restent activement recherchées : Mohamed Ould Nouiny, l’adjoint de Mokhtar Belmokhtar qui a commandé l’attaque, et Abderrahmane, son homme de confiance, qui avait effectué le repérage des lieux et présenté comme le superviseur de l’attentat.