Confrontation entre manifestants et forces de police à Caracas. | FEDERICO PARRA / AFP

Une nouvelle marche en faveur d’élections générales anticipées est prévue mercredi 26 avril au Venezuela. L’objectif des opposants au président Nicolas Maduro est aussi risqué que symbolique : rejoindre le centre de Caracas, considéré comme un bastion du pouvoir, pour protester face aux locaux du Défenseur du peuple, l’autorité veillant au respect des droits humains.

Or, jusqu’à présent, les milliers de manifestants défilant contre le président ont toujours été empêchés d’atteindre le cœur de la capitale par les forces de l’ordre, qui les ont repoussés avec canons à eau et balles en caoutchouc. Presque toutes les marches ont dégénéré en heurts, pillages, échanges de gaz lacrymogènes et cocktails Molotov entre manifestants et forces de l’ordre. A cela s’est ajoutée la violence exercée par les colectivos, des groupes de civils armés par le gouvernement, assure l’opposition.

L’étincelle ayant déclenché la vague de manifestations, quasi quotidiennes depuis le début d’avril, a été la décision de la Cour suprême de s’arroger les pouvoirs du Parlement, seule institution contrôlée par l’opposition depuis la fin de 2015. L’opposition avait dénoncé une tentative de  « coup d’Etat », et l’indignation diplomatique avait finalement forcé l’autorité judiciaire à faire marche arrière quarante-huit heures plus tard.

Vingt-six morts

Depuis le début de la vague de protestations, qui aura un mois le 1er mai, on déplore déjà vingt-six morts, selon le parquet. Mardi soir, au cours d’un discours, le chef de l’Etat a lui avancé le chiffre de « vingt-neuf morts », sans donner davantage de précisions.

Le parquet a également dénombré 437 blessés et 1 289 personnes arrêtées pour divers troubles et saccages survenus dans cette « ambiance de crispation politique », a souligné Luisa Ortega, la procureur générale de la nation.

Quatorze journalistes ont été arrêtés et 106 agressés ces quatre dernières semaines, a fait savoir le Syndicat national des travailleurs de la presse, principale organisation de salariés du secteur. Le syndicat dénonce des chiffres « alarmants », et met en cause la garde nationale, accusée de « harceler » les journalistes couvrant les manifestations.

« Ce gouvernement n’est pas tenable » , a déclaré le leader de l’opposition Henrique Capriles, ancien candidat à l’élection présidentielle contre M. Maduro.

En réponse, le gouvernement a appelé la  « jeunesse révolutionnaire » à marcher vers le palais présidentiel de Miraflores pour  « défendre la paix », selon le Parti socialiste (PSUV) au pouvoir. « Nous allons vaincre la violence et le coup d’Etat », a promis mardi soir le président vénézuélien.