Emmanuel Macron, la trajectoire d’un homme pressé
Emmanuel Macron, la trajectoire d’un homme pressé
L’ancien ministre de l’économie, inconnu du grand public il y a deux ans, est arrivé en tête au second tour de la présidentielle.
Emmanuel Macron a remporté, dimanche 7 mai, l’élection présidentielle française avec 65,5 % des voix devant Marine Le Pen (34,5 %) selon les estimations Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et Le Monde. A 39 ans, le candidat d’En marche ! est le plus jeune président de la Ve République, une hypothèse encore invraisemblable il y a encore un an.
Sa campagne d’entre-deux-tours
Excès de confiance ou erreur de communication, Emmanuel Macron avait lancé sa campagne d’entre-deux-tours de manière quelque peu maladroite. Au soir du 23 avril, arrivé en tête au premier tour avec 24% des voix, il apparaît triomphant devant ses sympathisants porte de Versailles. Le candidat d’En marche ! invite sa femme Brigitte sur scène et, devant un pupitre « Macron Président », prononce un discours de vainqueur, oubliant peut-être qu’un second tour l’attend le 7 mai. Première erreur.
Puis il y a l’épisode de La Rotonde, célèbre brasserie parisienne du quartier Montparnasse où Emmanuel Macron a décidé de célébrer sa « victoire » avec des proches. Les bouchons de champagne sautent, quelques « people » (Erik Orsenna, Stéphane Bern, Pierre Arditi, François Berléand, Line Renaud) sont de la fête. L’image, qui rappelle le Fouquet’s où Nicolas Sarkozy avait célébré sa victoire en 2007, est reprise en boucle par les médias du monde entier. L’effet est dévastateur, sa réputation de candidat des élites s’en trouve renforcée. Deuxième erreur.
Après quelques jours d’une étonnante discrétion alors que Marine Le Pen arpentait rues et marchés, Emmanuel Macron reprend la main sur sa campagne. Le 26 avril, il se rend à Amiens rencontrer les syndicats de l’usine Whirlpool, menacée de délocalisation. Son adversaire fait alors une visite surprise sur le site. A l’invitation des syndicats, le candidat d’En marche ! la suit de peu : accueilli sous les huées, Emmanuel Macron passera une heure à répondre aux inquiétudes des salariés. C’est un tournant de la campagne, Amiens aurait pu être la Bérézina du candidat, ce sera son sursaut.
Visite à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), au Mémorial de la Shoah, à Paris, puis, lors du 1er-Mai, hommage à Brahim Bouarram, un Marocain tué à Paris par des militants d’extrême droite en 1995… Dans les jours qui suivent, l’ancien banquier s’emploie à renvoyer Marine Le Pen au passé xénophobe et sulfureux du Front national.
Point d’orgue de l’entre-deux-tours, le débat télévisé entre les deux candidats sera un summum d’agressivité. Violemment attaqué, Emmanuel Macron dénonce « le projet mortifère » de sa rivale, et répond point par point aux fausses accusations, n’hésitant pas, comme il le confiera le lendemain sur France Inter, à se « salir » pour cela. Il sera unanimement déclaré vainqueur du débat, sans pour autant avoir brillé. Dès lors, les ralliements – dont celui de Barack Obama dans une vidéo, le 4 mai – et les appels à voter pour le candidat d’En marche ! se multiplient. La lente érosion dans les sondages est contenue. Vendredi, au dernier jour de la campagne, Emmanuel Macron était crédité de 61,5 % des intentions de vote, en hausse de 2,5 points, selon un sondage Ipsos Sopra Steria.
Son programme
Emmanuel Macron a promis, s’il est élu, de s’engager sur six chantiers : éducation et culture, société du travail, modernisation de l’économie, renforcer la sécurité de la nation, renouveau démocratique, relations internationales.
Le candidat d’En marche ! ambitionne ainsi de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros sur le quinquennat, essentiellement en réduisant de 120 000 le nombre de fonctionnaires et en diminuant les dotations aux collectivités territoriales. Emmanuel Macron souhaite également supprimer la totalité des charges pour les salaires au smic ou encore suspendre le versement des allocations-chômage après le refus de plus de deux offres d’emploi « décentes ». Le candidat souhaite créer un système de retraite universel « avec des règles communes de calcul » et exonérer, en trois ans, 80 % des foyers français de taxe d’habitation.
Farouche défenseur de l’Union européenne, Emmanuel Macron veut instituer un budget, un Parlement et un ministre des finances de la zone euro. Il prône également le contrôle des investissements étrangers en Europe.
Enfin, l’ancien ministre de l’économie projette, s’il est élu, de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie d’ici à 2025. En matière de vie publique, le candidat veut interdire aux parlementaires d’exercer des activités de conseil et d’employer des membres de leur famille.
>> Retrouvez ici le programme d’Emmanuel Macron
Son parcours
Diplômé de l’Ecole nationale d’administration, Emmanuel Macron commence sa carrière dans l’administration publique comme inspecteur des finances et débute un parcours éclair : en 2008, il devient le rapporteur adjoint de la commission Jacques Attali, installée pour relancer la croissance économique du pays.
Peu après, il rejoint la banque Rothschild, où il est rapidement promu associé-gérant. Ce passé récent de banquier lui sera reproché de manière répétée pendant la campagne par ses détracteurs. En 2012, Emmanuel Macron réintègre la fonction publique et il est nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée avant de rejoindre Bercy comme ministre de l’économie, où il donnera son nom au projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques. Le 6 avril 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie du gouvernement de Manuel Valls, lance son mouvement, qu’il baptise En marche !
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