Les peuples indigènes colombiens toujours victimes de la guerre entre les Farcs et l’armée
Les peuples indigènes colombiens toujours victimes de la guerre entre les Farcs et l’armée
Le Monde.fr avec AFP
Malgré l’accord de paix signé en novembre 2016, « les violations des droits des indigènes ont continué » rapporte une conférence organisée à Bogotá.
Le 15 août 2016, des soldats des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sur la rivière Mecaya au sud ddu département de Putumayo en Colombie. / Fernando Vergara / AP
Les indigènes de Colombie ont dénoncé mercredi 9 août des violations de leurs droits, dont la confiscation de leurs terres, par des groupes armés et des multinationales, en dépit de l’application de l’accord de paix avec la guérilla des Farc.
« Les territoires indigènes restent disputés par des groupes paramilitaires, par l’ELN, les forces armées, les groupes dissidents des Farc, les trafiquants de drogue, les multinationales », a déclaré Luis Fernando Arias, premier conseiller de l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC).
M. Arias a souligné que « l’horrible nuit pour les peuples indigènes » n’est pas terminée, en dépit de la signature en novembre 2016 d’un accord de paix historique mettant fin à plus d’un demi-siècle de confrontation avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la principale rébellion du pays et la plus ancienne du continent américain.
Confiscations de terres, mines antipersonnel
« Les assassinats sélectifs, les déplacements, les menaces, les disparitions, les confiscations de terres, les victimes de mines antipersonnel, le recrutement forcé et, de manière systématique, tous les types de violations des droits humains, ont continué », a-t-il ajouté lors de déclarations en marge d’une conférence organisée à Bogotá à l’occasion de la Journée internationale des peuples indigènes.
Le dirigeant de l’ONIC a appelé le gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active en Colombie, à « ne pas se lever de la table » des négociations de paix, entamées en février 2017, jusqu’à parvenir à un cessez-le-feu bilatéral et définitif.
La conseillère présidentielle pour les droits humains, Paula Gaviria, a souligné que l’un des défis du post-conflit était de dédommager la population indigène. Selon le gouvernement, 190 619 indigènes sont enregistrés comme victimes directes du conflit armé, qui au fil des décennies a opposé guérillas, paramilitaires et forces armées, faisant au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 7,1 millions de déplacés.
32 ethnies sur 102 menacées de disparition
La Colombie compte 102 ethnies indigènes, dont trente-deux menacées de disparition car comptant moins de 200 personnes, selon l’ONIC, et trente-quatre autres communautés sont menacées d’extermination par la violence du conflit dans leurs territoires, selon la Cour constitutionnelle.
Martin Santiago, coordinateur résident de l’ONU en Colombie, a estimé que des « progrès » ont été accomplis ces dix dernières années pour la reconnaissance des droits des indigènes. Il faut « souligner certaines brèches dans les défis qu’il nous reste à affronter afin que la reconnaissance se convertisse en jouissance pleine et entière, et en exercice de ces droits », a-t-il déclaré à l’Agence France Presse.