Après le drame de Charlottesville, les liens du père de Trump avec le Ku Klux Klan ressortent
Après le drame de Charlottesville, les liens du père de Trump avec le Ku Klux Klan ressortent
Par Lina Rhrissi
Au lendemain du rassemblement meurtrier de la droite suprémaciste à Charlottesville, une archive révélant les liens entre Fred Trump et le KKK refait surface.
De violents heurts entre des suprémacistes blancs et des contre-manifestants antiracistes ont fait un mort, samedi 12 août, à Charlottesville, en Virginie. Deux jours plus tard, un article du New York Times datant de 1927 a refait surface sur les réseaux sociaux et dans les médias américains et a été brandi par ceux qui critiquent le président américain, accusé de n’avoir pas assez dénoncé l’idéologie nationaliste des groupuscules d’extrême droite ayant organisé le rassemblement.
L’article en question est « déterré » pour la première fois en septembre 2015, au début de la campagne du milliardaire, par le site spécialisé dans la technologie Boing Boing. Intitulé « Le Klan attaque un policier », il révèle l’arrestation de Fred Trump, père de l’actuel président américain et, comme lui, magnat de l’immobilier, pendant une manifestation du Ku Klux Klan.
L’incident a lieu le dernier lundi de mai 1927, date du Memorial Day aux Etats-Unis. Des affrontements déclenchés par un groupe fasciste italien et le Ku Klux Klan éclatent alors à New York. Deux hommes sont tués par des manifestants antifascistes dans le Bronx, tandis qu’un millier de membres du Klan, en robe et capuche pointue blanche, marchent vers le quartier Jamaica, dans le Queens.
Là, une énorme bagarre entraîne l’arrestation de sept hommes. L’un d’entre eux est Fred Trump, interpellé au 175-24 Devonshire Road, adresse où il habite avec sa mère à l’époque.
This is a pretty good time to remember that Donald Trump's own father was arrested after a violent Ku Klux Klan mar… https://t.co/AEBWZkqGao
— tomscocca (@Tom Scocca)
Selon la brochure distribuée auparavant dans le quartier, la marche du KKK avait pour but de dénoncer « l’agression » subie par les « Américains protestants natifs » de la part de « la police catholique de New York City ». Le manifeste poursuit ainsi :
« La liberté et la démocratie ont été piétinées, les Américains protestants natifs doivent s’organiser pour protéger un drapeau, le drapeau américain, une école, l’école publique et une langue, la langue anglaise. »
Un père en grande partie responsable de la fortune de Trump
Si en 1927, le père de Donald Trump, alors âgé de 21 ans, n’était pas encore une personnalité connue, il construit déjà des logements dans son quartier new-yorkais. Né dans le Queens, de parents allemands, ce promoteur immobilier de la première heure devient à la fin de sa carrière un très riche homme d’affaires. A sa mort, en 1999, sa fortune est estimée entre 250 millions et 300 millions de dollars (212 millions à 256 millions d’euros).
Un patrimoine, auquel il faut ajouter un large réseau de relations, sans lequel son fils aurait eu du mal à acquérir sa réputation de magnat de l’immobilier. Cette réputation l’a grandement aidé à devenir le 45e président des Etats-Unis.
Fred Trump a aussi partagé des méthodes commerciales douteuses avec son héritier. En 1973, les deux hommes sont poursuivis par le ministère de la justice pour discriminations raciales à l’encontre de leurs locataires noirs.
En 2016, l’article du New York Times avait déjà refait surface lorsque Donald Trump avait refusé de condamner clairement l’appel à voter pour lui de David Duke, ancien dirigeant du KKK et présent samedi à Charlottesville. Le futur chef de l’Etat avait, à l’époque, justifié ce silence en affirmant qu’il ne connaissait pas assez les suprémacistes blancs pour pouvoir émettre un jugement.
Lundi 14 août, lors d’une conférence de presse, le président a finalement dit, après deux jours de polémique, que « le racisme, c’est le mal » et a critiqué « tous ceux qui ont agi de manière criminelle lors des violences racistes de ce week-end », dont les « suprémacistes blancs, le KKK et les néonazis ».