TV : « Ma vie de Courgette », à l’orphelinat
TV : « Ma vie de Courgette », à l’orphelinat
Par Jacques Mandelbaum
A voir aussi ce soir. Le beau film d’animation de Claude Barras explore le reconstruction d’enfants à travers la vie de groupe en internat (sur Canal+ Family à 20 h 50).
MA VIE DE COURGETTE Bande Annonce (Animation - 2016)
Durée : 03:18
Inspiré du roman de Gilles Paris Autobiographie d’une Courgette (Plon, 2002), scénarisé par la réalisatrice Céline Sciamma (Bande de filles), réalisé par Claude Barras, dont c’est le premier long-métrage, Ma vie de Courgette, nonobstant la médiocre fantaisie gustative de cette cucurbitacée, se recommande.
Voici de quoi il retourne. Un garçonnet de 10 ans, Icare, surnommé Courgette, voit sa mère, alcoolique invétérée, passer de vie à trépas alors qu’il lui a refermé la trappe de sa chambre au visage, de crainte qu’elle ne le batte encore. Placé en orphelinat par la justice, le petit Courgette, désemparé, va devoir se familiariser avec ce monde d’enfants que la vie n’a pas plus épargnés que lui, et dont la solidarité, après des débuts un peu rudes, va l’aider à se reconstruire.
On se dira possiblement, à cette lecture, que les temps sont suffisamment durs comme ça pour s’infliger en famille une heure à la Charles Dickens. Ce serait se tromper d’objet. Ma vie de Courgette est un film humaniste, drôle et grave à la fois, évoquant des choses tragiques avec la politesse de la légèreté, et infiniment réconfortant au bout du compte.
Son esthétique est également pour beaucoup dans ce sentiment. Le film est en effet tourné en stop motion (« animation image par image ») avec des marionnettes, ce qui lui confère un côté artisanal plus vivant et plus touchant que les figures lissées par ordinateur.
Lesdites figures y sont stylisées, hautes en couleur, avec des visages épurés à l’extrême, pures surfaces rondes et écarquillées, identifiées chacune par un ou deux détails significatifs, sur lesquelles le spectateur est invité à projeter ses propres émotions. Les voix et les sons sont, au contraire, envisagés avec un souci de fidélité qui ancre le film dans le réel. Les personnages – enfants comme adultes – sont enfin brossés au petit poil.
Le récit privilégie quant à lui les relations entre les enfants à l’internat, la manière dont leur imaginaire, dans un univers protégé, sublime et émousse les dégâts de la maltraitance ou de l’abandon. A l’arrière-plan, les adultes, plus ou moins bien intentionnés, sont le moteur d’une action susceptible de faire avancer le récit, par le biais de la question de la sortie et de l’adoption.
Ma vie de Courgette, de Claude Barras (Fr.-Sui., 2016, 66 min).