Quatre militaires britanniques interpellés pour appartenance à un groupe néonazi interdit
Quatre militaires britanniques interpellés pour appartenance à un groupe néonazi interdit
Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)
National Action est la première et la seule organisation d’extrême droite interdite au Royaume-Uni en application de la loi antiterroriste de 2000.
Le groupe s’était réjoui publiquement de l’assassinat de Jo Cox, le 16 juin 2016, une semaine avant le référendum sur le Brexit. / BEN STANSALL / AFP
Les Britanniques, qui se décrivent couramment comme un peuple « modéré », peinent à admettre l’existence au Royaume-Uni de groupuscules d’extrême droite violents. L’annonce par le ministère de la défense, mardi 5 septembre, de l’arrestation de cinq membres de National Action, une organisation néonazie interdite, jette un éclairage d’autant plus cru sur cette réalité souvent occultée que quatre d’entre eux sont des militaires.
Agés de 22 à 32 ans, ces hommes ont été interpellés dans les Midlands de l’Ouest (centre de l’Angleterre) pour quatre d’entre eux et le cinquième à Chypre, où Londres dispose d’une base militaire. Trois des soldats activistes arrêtés au terme d’une enquête impliquant les services antiterroristes dans plusieurs villes britanniques faisaient partie de la Royal Anglian, une unité basée à Dekhelia, près de Larnaca.
Organisation d’extrême droite interdite au Royaume-Uni
National Action est la première et la seule organisation d’extrême droite interdite au Royaume-Uni en application de la loi antiterroriste de 2000, qui prohibe d’autre part soixante-dix groupements islamistes. Créée en 2013, elle a été interdite en décembre 2016 par la ministre de l’intérieur, Amber Rudd, peu après la condamnation à la prison à vie de Thomas Mair, l’assassin de la députée travailliste Jo Cox, un quinquagénaire proche de l’extrême droite.
A l’époque, Mme Rudd avait qualifié le groupe d’« organisation raciste, antisémite et homophobe qui attise la haine, glorifie la violence et promeut une idéologie abjecte » et « n’a pas sa place » en Grande-Bretagne. Voué à « diffuser le message du national-socialisme », le groupuscule s’est fait connaître par quelques rassemblements de rue aux effectifs réduits mais marqués par la violence.
L’organisation s’était réjouie de l’assassinat de Jo Cox
Le groupe s’était réjoui publiquement de l’assassinat de Jo Cox, le 16 juin 2016, une semaine avant le référendum sur le Brexit. Il avait même placé sur la page d’ouverture de son site Internet la seule phrase que l’assassin ait prononcée devant les juges lors de son procès : « Morts aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne. » Défenseuse des immigrés, Jo Cox était considérée par l’extrême droite britannique comme « traître » à la race blanche. Des membres de National Action ont été filmés en train de dénoncer « le fléau de la juiverie internationale » et promettant le retour des chambres à gaz pour les juifs.
En mars, la chaîne de télévision ITV avait filmé au moyen d’une caméra cachée un rassemblement clandestin de militants postérieur à l’interdiction du groupe. Le document soulignait que National Action s’inspirait des groupes islamistes pour séduire des jeunes, notamment avec des vidéos de propagande diffusées sur YouTube. L’émission insistait sur l’échec du gouvernement à réduire aux silences ces militants néonazis en dépit de la mesure d’interdiction.