Irma, l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique
Irma, l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique
Par Martine Valo
Les météorologues s’accordent sur le caractère inédit de ce cyclone extrême, en partie dû à la température élevée de l’océan Atlantique.
Ouragan Irma : un avion filme l’intérieur de l’œil du cyclone
Durée : 01:30
Irma, qui a frappé mercredi 6 septembre au matin l’arc des Antilles, s’affirme comme l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique. De mémoire de météorologues, seuls l’ont surpassé des typhons extrêmes dans le Pacifique, comme Haiyan qui avait dévasté les Philippines en 2013. Irma s’accompagne de rafales de vent dépassant 300 km/h et des vagues d’une douzaine de mètres de haut ont déferlé sur les côtes des îles de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, avant de prendre la direction d’Anguilla, des îles Vierges britanniques, de menacer la pointe est de Porto Rico et peut-être le nord d’Haïti, puis Cuba, voire la Floride, mais de façon moins prévisible.
La trajectoire de l’ouragan Irma. / Le Monde
« Irma appartient à la famille des cyclones dits cap-verdiens : il s’est formé au large des côtes africaines, avant de se charger en énergie en passant au-dessus de l’Atlantique où la température de l’eau est à 29 °C en ce moment », explique Alix Roumagnac, directeur de la société Predict, filiale d’Airbus et de Météo France, spécialisée dans la prévision des risques. « Il s’agit vraiment d’un phénomène météorologique majeur : Irma a été classée en catégorie 5 – la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson –, avant même d’atteindre les Petites Antilles, précise pour sa part Frédéric Nathan, prévisionniste pour Météo France. C’est la première fois que nous observons cela. En général, les tempêtes prennent de la puissance en approchant des côtes américaines ou bien finissent en simples dépressions. »
Des eaux chaudes qui favorisent les tempêtes à répétition
En cause, les températures de l’océan « supérieures aux normales de saison » et des conditions météo propices aux tempêtes à répétition avec des conditions de vent homogènes favorables à la formation de gros cumulonimbus. « Il est de plus en plus fréquent d’avoir une eau à 29 °C, rapporte Frédéric Nathan. Cela correspond aux températures records autour du globe relevées en particulier en 2016 et 2017. » Et cela confirme, assure-t-il, ce que disent les scientifiques depuis plusieurs années : le changement climatique va susciter une hausse progressive des ouragans puissants.
« Il y a à peu près 80 phénomènes cycloniques par an dans le monde ; sur ce total, le nombre d’ouragans et de typhons de catégorie 4 ou 5 va augmenter », précise-t-il. Une autre tempête, prénommée José, devrait traverser l’Atlantique à son tour et approcher « samedi ou dimanche de l’arc des Antilles », annonce le prévisionniste. « Mais peut-être passera-t-elle plus au nord, en pleine mer ? », espère-t-il.
En attendant, les Antilles doivent déjà affronter Irma. Les pluies qu’elle charrie pourraient y causer moins de dégâts que la tempête Harvey au Texas, car Irma se déplace plus rapidement, à 24 km/heure. Mais les vents sont extrêmement violents. « La station météo de Barbuda a enregistré des rafales à 360 km/h ce matin, » relate Alix Roumagnac. Puis elle s’est tue faute d’électricité, à moins que la bouée n’ait coulé.
« Nous sommes en contact avec la direction de la protection à Haïti pour l’aider à anticiper l’événement qui devrait se produire ce soir, comme nous l’avons été précédemment avec les autorités de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, expose-t-il. Il semble que des habitants aient refusé d’évacuer. Pourtant sur les côtes de ces îles toutes plates, on s’attendait à une surcôte de trois mètres de haut à laquelle devait se rajouter une houle de douze mètres. »
Peu avant le déferlement, Alix Roumagnac soulignait son inquiétude au sujet du positionnement de l’œil du cyclone, pile au-dessus de ces deux petits territoires. Celui-ci « atteint un diamètre très important de 50 km, de quoi générer un calme trompeur, mais ensuite le deuxième front du cyclone déferle d’un coup : les vents peuvent alors brutalement passer de presque rien à 300 km/h, c’est extrêmement dangereux », prévenait-il alors. De fait, pendant une heure trente, l’île de Saint-Barthélemy s’est retrouvée au cœur de la force centrifuge de la tempête, comme prise dans un vide, avant que Saint-Martin ne connaisse le même sort. Puis toutes deux ont été deux submergées par une mer d’une extrême violence.
Le phénomène semble en revanche avoir épargné l’île française de la Guadeloupe, plus dans le sud des Antilles, où l’alerte rouge cyclone a été levée mercredi matin. Le territoire est passé en vigilance orange « fortes pluies et orages » et une « mer dangereuse ».