« Kingsman : Le Cercle d’or » : deux agents secrets dans un temple de la consommation
« Kingsman : Le Cercle d’or » : deux agents secrets dans un temple de la consommation
Par Mathieu Macheret
Ce blockbuster signé Matthew Vaughn va au-delà du « placement de produit ».
Rien de nouveau dans la déferlante de sagas à rallonge et de franchises déclinées dont Hollywood nous abreuve chaque semaine. Comme tout blockbuster voué à faire des petits jusqu’à tarissement du filon, la série Kingsman, sorte de revalorisation de la fantaisie d’espionnage à l’ère du tout-numérique, accouche d’un deuxième volet conçu comme une pure répétition du premier, avec son quota réglementaire de méchants et de nouveaux gadgets.
On retrouve donc la paire « aristo-prolo » d’agents secrets britanniques, formée par le jeune disciple Eggsy (Taron Egerton) et son mentor Harry (Colin Firth, qui apparaît plus tardivement dans l’intrigue), dissimulés sous la devanture d’un tailleur londonien. Ils se retrouvent cette fois aux prises avec un cartel de narcotrafiquants, dirigé par une « marraine » (Julianne Moore) passive agressive, qui répand sur le monde une drogue aux effets paralysants. Pour les combattre, nos agents font alliance avec leurs homologues américains (Jeff Bridges et Channing Tatum), par ailleurs distillateurs de bourbon.
Extravagance cartoonesque
Le fait que Kingsman se présente comme la parodie d’une formule qui, en son temps, relevait déjà de la parodie (les univers de James Bond ou de Chapeau melon et bottes de cuir) ne plaide pas en la faveur d’un spectacle très conséquent. Le film est sans cesse tiraillé entre l’abattage ultra-conventionnel de ses péripéties (sa part rationnelle) et une certaine tendance à l’extravagance cartoonesque (sa part de fantaisie), qui confère un peu de relief à certains passages. Comme celui, par exemple, où Julianne Moore fait passer l’un de ses sbires au hachoir pour en tirer un hamburger prêt à la dégustation, d’une cruauté grand-guignolesque assez inhabituelle.
C’est toutefois pour autre chose que le film retient l’attention. Avec ses protagonistes qui ne se distinguent pas vraiment de représentants de commerce, Kingsman se caractérise par sa fascination, voire son fétichisme pour la marchandise. Non content de son attirail pléthorique de gadgets, référence évidente à James Bond, la mise en scène fait un étalage constant de costumes, d’accessoires de mode, d’ustensiles en tout genre, de mobilier, de voitures, d’objets de décoration, qui dépasse de loin, de par son rendu maniaque, le traditionnel « placement de produit ». L’image semble ici conçue comme un présentoir et le film se traverse comme un temple de la consommation. L’ensemble s’avérant aussi distrayant et superflu qu’un après-midi de shopping compulsif.
Kingsman : Le Cercle d'or - Bande Annonce [Officielle] VF HD
Durée : 02:07
Film américain de Matthew Vaughn. Avec Colin Firth, Julianne Moore, Taron Egerton, Mark Strong, Halle Berry, Channing Tatum, Jeff Bridges (2 h 21). Sur le Web : www.kingsmanlecercledor.com, www.foxmovies.com/movies/kingsman-the-golden-circle et www.facebook.com/KingsmanMovie