Présidentielle au Liberia : menace de report du second tour
Présidentielle au Liberia : menace de report du second tour
Par Christophe Châtelot (avec AFP)
La Cour suprême, qui doit statuer sur le recours déposé, notamment, par l’un des candidats perdants, a ordonné le gel du processus électoral.
Premier tour l’élection présidentielle libérienne dans un bureau de vote de Monrovia, le 10 octobre 2017. / Thierry Gouegnon/REUTERS
Le second tour de l’élection présidentielle au Liberia entre l’ancienne star du football, George Weah, 51 ans, et l’ancien vice-président sortant, Joseph Boakai, 72 ans, initialement prévu pour le 7 novembre pourrait bien être reporté le temps que la Cour suprême se penche sur le recours déposé à la Commission électorale nationale (NEC) par l’un des candidats battus au premier tour le 10 octobre.
L’audience prévue, jeudi matin 2 novembre, à la Cour suprême a en effet été reportée de vingt-quatre heures pour des « raisons de procédure », a précisé un de ses porte-parole. Devant la Cour, la NEC devra expliquer pourquoi le recours introduit par le Parti de la liberté (LB) de Charles Brumskine, l’un des candidats malheureux, et soutenu par deux autres formations, dont celle de M. Boakai, n’est à ses yeux pas fondé.
Dans un communiqué conjoint publié dimanche, trois partis politiques avaient en effet estimé que le déroulement du premier tour de la présidentielle avait été entaché « d’irrégularités et de fraudes massives et systématiques ». Le LB pointait notamment les longues files d’attente qui auraient découragé certains de ses électeurs de voter, des incohérences dans des procès-verbaux de dépouillement ainsi que des irrégularités dans l’acheminement de certaines urnes.
Le déroulement du premier tour avait été salué comme largement crédible par les observateurs nationaux et internationaux, malgré certains problèmes logistiques le jour du vote et des réserves émises, en amont du scrutin, sur les lacunes de la loi électorale, notamment.
« Préparation du scrutin suspendue »
Le report de l’audience renforce les incertitudes pesant sur la tenue à la date prévue du second tour de l’élection. La Cour suprême a en effet ordonné, mercredi, à la NEC de « suspendre toutes les actions liées au second tour prévu le 7 novembre » jusqu’à ce qu’elle ait statué sur le cas. « La préparation du scrutin a été suspendue, il est à craindre que la NEC ne soit pas prête en temps voulu, d’autant que son organisation du premier tour avait été critiquée. Elle ne voudra sans doute pas prendre le risque de l’être à nouveau », estime un expert européen à Monrovia.
Pour tenter d’éviter une crise, la présidente libérienne sortante, Ellen Johnson Sirleaf, a fait asseoir mercredi autour d’une table à Monrovia les présidents guinéen Alpha Condé (président en exercice de l’Union africaine) et togolais Faure Gnassingbé (président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) pour « écouter leurs différentes préoccupations et leur expertise afin de résoudre ces questions, » selon un communiqué de la présidence.
« Je vous demande à tous de rester calmes. Nous avons rencontré les dirigeants de l’Union africaine et de la Cédéao et je peux vous assurer que tout va bien », a déclaré George Weah, arrivé en tête au premier tour du scrutin. « Nous attendons la décision de la Cour suprême. Le combat démocratique que nous avons débuté en 2005 [première candidature de Weah à la présidentielle], nous sommes prêts à l’achever, que ce soit au premier, au second, au troisième ou au quatrième tour », a ajouté l’ancien footballeur.
La communauté internationale a lancé des appels aux différentes parties pour que le processus électoral, qui doit mener à la première transition depuis des décennies entre une présidente élue, Ellen Johnson Sirleaf, et son successeur se déroule en bon ordre et que chacun en accepte les résultats.