Levothyrox : plainte contre deux ministres pour non-assistance à personne en danger
Levothyrox : plainte contre deux ministres pour non-assistance à personne en danger
Le Monde.fr avec AFP
Devant la multiplication des effets secondaires de la nouvelle formule du médicament, prescrit à trois millions de malades de la thyroïde, une avocate poursuit Agnès Buzyn et Bruno Le Maire.
Des boîtes de Levothyrox nouvelle formule et d’Euthyrox, l’ancienne formule du Levothyrox, le 2 octobre 2017. / JACQUES DEMARTHON / AFP
« Non-assistance à personne en danger » : c’est l’objet de la plainte déposée vendredi 10 novembre au tribunal de Grasse dans l’affaire du Levothyrox, qui vise notamment la ministre de la santé et le ministre de l’économie. Certains patients protestent, en effet, contre le changement de formule, a précisé dimanche l’avocate Anne-Catherine Colin-Chauley, à l’origine de cette action.
Selon la plainte, révélée par Nice-Matin, la présidente du collectif Alerte Thyroïde se fonde sur les articles du code pénal concernant « l’abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril ».
« Crise sanitaire »
Mme Colin-Chauley poursuit nommément Agnès Buzyn et Bruno Le Maire. La plaignante reproche à la ministre de la santé de n’avoir « pas su gérer la crise sanitaire » et au ministre de l’économie de ne pas « avoir essayé de transacter (sic) avec le laboratoire Merck ».
Sa plainte cible, en outre, le laboratoire, qui produit ce médicament, et l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM), selon laquelle les effets indésirables du Levothyrox ne sont pas dus à la nouvelle formule.
Elle vise également, cette fois contre X, les médecins et pharmaciens « ayant refusé de prendre en considération les symptômes indésirables de leurs patients », les journalistes et les médias qu’elle accuse d’avoir « orienté les informations » et enfin les députés, sénateurs et maires qui n’auraient pas « honoré leur devoir d’intérêt général ».
Enquête préliminaire
Cette avocate domiciliée à Mougins, dans les Alpes-Maritimes, avait été la première à déposer plainte à la fin du mois d’août contre Merck pour mise en danger de la vie d’autrui, après avoir constaté des effets indésirables dus à la nouvelle formule de ce médicament, mise sur le marché à la fin du mois de mars. Le Levothyrox est prescrit à trois millions de personnes en France pour traiter des pathologies thyroïdiennes.
A la fin d’octobre, Mme Colin-Chauley a déposé 100 plaintes de particuliers se joignant à son action. Elle prévoit d’en déposer 200 autres, jeudi 16 novembre, toujours pour mise en danger de la vie d’autrui. Toutes ces plaintes sont enregistrées à Grasse puis transmises au tribunal de grande instance de Marseille qui a ouvert une enquête préliminaire et centralise les demandes des patients.
Devant le tollé provoqué par la multiplication des effets secondaires du nouveau Levothyrox, l’ancienne formule a fait son retour dans les pharmacies françaises le 2 octobre, mais en quantité limitée. Cependant, « cinq médicaments différents » devraient être disponibles à partir de la « mi-novembre », a promis Agnès Buzyn.