Charles-de-Gaulle Express : le « train des riches » attaqué au Sénat
Charles-de-Gaulle Express : le « train des riches » attaqué au Sénat
LE MONDE ECONOMIE
Arnaud Bazin a fait voter l’annulation du prêt de l’Etat à la liaison rapide entre Roissy et Paris. Le sénateur du Val-d’Oise réclame des garanties pour la ligne 17 du Grand Paris Express.
Un train peut en cacher un autre : la guérilla entre l’Etat et les élus du Val-d’Oise sur la réalisation de la ligne 17 du futur métro automatique de la région parisienne, le Grand Paris Express, vient d’immobiliser en gare du Sénat son projet concurrent, le Charles-de-Gaulle Express (CDGE). Cette liaison directe et rapide entre l’aéroport de Roissy et la gare de l’Est dans la capitale est surnommée le « train des riches » par ses nombreux détracteurs.
Le prêt par l’Etat de 1,7 milliard d’euros au consortium chargé de réaliser cette ligne ferroviaire, voté par les députés le 16 novembre à travers un amendement du gouvernement au projet de loi de finances (PLF) pour 2018, vient d’être annulé par les sénateurs. Arnaud Bazin, sénateur (LR) du Val-d’Oise, a fait adopter lundi 27 novembre en séance un amendement supprimant purement et simplement l’article 25 bis.
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait annoncé le 16 novembre, à l’Assemblée nationale – et à la surprise générale, que le CDGE serait finalement financé par un prêt de l’Etat et non par des emprunts privés. Un système « moins coûteux et plus rapide », avait-il justifié.
« Totalement incohérent »
Un peu fort de café pour les élus du Val-d’Oise, à qui le gouvernement laisse entendre depuis des semaines qu’il faudra sans doute retarder la réalisation de la ligne 17, qui doit traverser les mêmes territoires – mais en s’y arrêtant. « Je ne suis pas contre le CDGE, mais le gouvernement nous dit qu’il faut étaler les dépenses pour limiter l’endettement. Le prêt au consortium est totalement incohérent ! », s’agace M. Bazin.
Pas de quoi faire dérailler le projet : après le vote du PLF au Sénat le 12 décembre, le texte sera examiné en commission mixte paritaire, où l’article 25 bis a toutes les chances de réapparaître. « J’ai pris un otage pour convaincre le gouvernement de nous garantir que la ligne 17 sera bien réalisée d’ici à 2024, explique le sénateur. Si je peux faire en sorte que le premier ministre reçoive enfin les élus du territoire, je serai déjà très heureux d’avoir fait voter cet amendement. »