Le réalisateur Alain Jessua est mort à l’âge de 85 ans
Le réalisateur Alain Jessua est mort à l’âge de 85 ans
Le Monde.fr avec AFP
Le cinéaste avait réalisé dix films, dont « Traitement de choc », et fait tourner les plus grands acteurs d’Alain Delon à Patrick Dewaere.
Le cinéaste Alain Jessua, qui a réalisé dix films dont Traitement de choc (1973) et fait tourner les plus grands acteurs d’Alain Delon à Patrick Dewaere, est mort, jeudi 30 novembre, à l’âge de 85 ans. « Alain Jessua, mon si grand et si bel amour depuis trente ans, s’est éteint ce soir à l’hôpital d’Evreux où il avait été placé en réanimation depuis un mois en raison d’une double pneumonie », a annoncé, vendredi, sa compagne, la journaliste Régine Magné.
Né le 16 janvier 1932 à Paris, Alain Jessua débute à 19 ans dans le cinéma comme stagiaire sur le film Casque d’or de Jacques Becker, avant de travailler comme assistant sur des films d’Yves Allégret (Mam’zelle Nitouche) et de Max Ophüls (Madame de…, Lola Montès). « Je considère Ophüls comme un maître ; il m’a appris la direction d’acteurs », disait à Télérama en avril le réalisateur. Au cours de sa brève filmographie, il a fait tourner les plus grandes stars, comme Gérard Depardieu, Alain Delon, Annie Girardot, Patrick Dewaere, Michel Serrault, Nathalie Baye, Jean Rochefort.
En 1956, son premier court métrage, Léon la lune, film muet sur la journée d’un clochard parisien, obtient le prix Jean Vigo. Après ce succès, il tourne son premier long métrage, La Vie à l’envers (1964), avec Charles Denner et Jean Yanne, dont c’est l’une des toutes premières apparitions à l’écran. Ce portrait d’un agent immobilier qui sombre dans la solitude jusqu’à la folie lui vaut le prix du meilleur film étranger au festival de Venise. Il obtient ensuite le prix du scénario au Festival de Cannes en 1967 pour son deuxième long-métrage, Jeu de massacre, avec Jean-Pierre Cassel et Michel Duchaussoy.
Un cinéaste « prémonitoire et intuitif »
Pour la Cinémathèque, qui lui a consacré une rétrospective en avril, « Jessua a toujours été un cinéaste prémonitoire et intuitif dont la majorité des films a abordé des thèmes qui font encore l’actualité aujourd’hui : l’obsession du tout sécuritaire, l’exploitation des travailleurs immigrés (Les Chiens, 1979), la société-spectacle, la mise en scène des criminels (Armaguedon, 1977), la peur de vieillir, l’aspiration à une forme d’éternité qui vampiriserait la jeunesse (Traitement de choc, 1973, avec Alain Delon et Annie Girardot). »
Ou encore la quête du bonheur à tout prix, comme dans Paradis pour tous (1982), avec Patrick Dewaere, dans lequel un psychiatre (Jacques Dutronc) invente un traitement révolutionnaire, le « flashage », qui permet de guérir le mal de vivre. Un film qu’Alain Jessua qualifiait de « conte philosophique » et qui concentrait ses thèmes de prédilection : l’angoisse, la fascination pour la folie et la dénonciation des dangers de la science.
Dans Frankenstein 90 (1984), cet amateur de films fantastiques avait choisi pour incarner le savant et sa créature, Jean Rochefort et Eddy Mitchell. En toute innocence (1988), avec Nathalie Baye et Michel Serrault, et Les Couleurs du diable (1997) complètent l’œuvre cinématographique d’Alain Jessua, qui s’est ensuite tourné vers l’écriture, avec huit romans.