Donald Trump et Mike Pence à la Maison Blanche le 6 décembre 2017. / JONATHAN ERNST / REUTERS

Le comité chargé de préparer la campagne présidentielle de 2020 n’a guère perdu de temps. Il n’a fallu attendre que quelques heures, mercredi 6 décembre, pour recevoir les premiers messages vantant « une nouvelle promesse tenue ». Donald Trump est particulièrement sensible à la mise en scène de ses succès présumés, ce qui lui permet de passer sous silence la pire popularité enregistrée par un président après dix mois passés à la Maison Blanche, selon le baromètre de l’institut Gallup.

La reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël devrait s’ajouter à sa liste dès le meeting qu’il tiendra à Pensacola, en Floride, vendredi. « Sans me vanter », avait-il répété une nouvelle fois à Saint Louis, dans le Missouri, une semaine plus tôt, « il n’y a pas dans l’histoire de notre pays un président qui a accompli autant en dix mois ».

Le président risque d’autant plus d’utiliser cette reconnaissance de Jérusalem qu’il sait qu’elle fait l’objet d’un très large consensus au Congrès. Les démocrates ont été les premiers à militer en ce sens après la guerre de 1967, avant d’être progressivement rejoints par les républicains. Prompts à critiquer le président, des élus démocrates, comme le sénateur Ben Cardin (Maryland), n’ont pas mis en cause son principe mercredi, se contentant de quelques réserves, notamment sur l’instant choisi par l’administration.

Resserrer les liens

Le thème est également très populaire dans une partie spécifique de l’électorat de Donald Trump, celle qui rassemble les chrétiens évangéliques. Mardi soir, à Fairhope, dans le bastion conservateur de l’Alabama, Stephen Bannon, l’ancien conseiller stratégique du président, a fait se soulever la salle en évoquant le sujet. Le patron du site Breitbart News s’y exprimait dans le cadre d’un meeting de soutien à Roy Moore, candidat républicain à l’élection sénatoriale prévue le 12 décembre.

Ce public est acquis pour de nombreuses raisons au président, notamment du fait de la nomination d’un juge très conservateur à la Cour suprême, Neil Gorsuch. Mais la décision sur Jérusalem va resserrer indéniablement encore un peu plus les liens. Le rapport des chrétiens évangéliques américains avec Israël relève de l’identité. Une enquête du Pew Research Center a montré, en 2014, que plus de 80 % d’entre eux sont convaincus d’un don divin d’Israël au peuple juif, alors que 40 % seulement des Américains de confession juive partage cette conviction.

Un autre sondage effectué pour la Brookings Institution en novembre montre cependant que 63 % des personnes interrogées se disaient défavorables à un transfert de l’ambassade alors que 31 % des Américains exprimaient un avis contraire.

Les interrogations soulevées par cette décision de la part des alliés des Etats-Unis renvoient à celles qui ont accompagné le refus, en octobre, de certifier au Congrès que l’accord conclu sur le nucléaire iranien répond aux intérêts américains. Invité par les autres signataires de l’accord, notamment européens, à en reconsidérer les avantages, Donald Trump était passé outre en se défaussant sur le Congrès. La manœuvre a été précipitée et les élus ne sont pas parvenus, jusqu’à présent, à s’entendre sur une réponse. Le président a pu cependant mettre en avant une autre promesse tenue.