Sommet sur l’attractivité : les recettes de Google pour faire de la France un « champion numérique »
Sommet sur l’attractivité : les recettes de Google pour faire de la France un « champion numérique »
Par Vincent Fagot
Après Facebook, l’entreprise a annoncé lundi des mesures pour renforcer la formation au numérique dans l’Hexagone et développer le secteur de l’intelligence artificielle.
Le président français Emmanuel Macron s’entretient avec le PDG de Google Sundar Pichai lors du sommet "Choose France", au Château de Versailles, près de Paris, le 22 janvier. / THIBAULT CAMUS / AFP
Pour sa première visite en France en tant que dirigeant de Google, Sundar Pichai n’est pas venu les mains vides. Comptant parmi les 140 patrons de multinationales conviés par l’Elysée à Versailles pour le sommet sur l’attractivité de la France, le PDG indo-américain du géant du Web a annoncé, lundi 22 janvier, une série de mesures pour contribuer à faire de la France, selon ses termes, « un champion numérique ».
Cela passe d’abord par un programme de formation aux compétences numériques. Dans les mois qui viennent, le moteur de recherche américain va ouvrir des espaces dans quatre régions françaises, où tout un chacun pourra venir s’initier, gratuitement, au numérique. Le premier d’entre eux ouvrira ses portes à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Former 100 000 personnes par an
Ces formations, qui s’adressent aux débutants, couvrent un champ varié de domaines, de la recherche d’emploi en ligne à la protection des données. Selon les modules, elles pourront durer d’une à trente heures (pour un apprentissage aux techniques du marketing digital destiné aux étudiants). L’objectif est de former ainsi 100 000 personnes par an.
Pour Google, qui rappelle que la France ne se situe qu’au 16e rang des 28 pays de l’Union européenne, selon l’indice relatif à l’économie et la société numérique 2017 publié par la Commission européenne, l’enjeu de la formation est prioritaire. Une étude publiée en janvier 2017 par Google, et confiée au cabinet Roland Berger, pointait déjà qu’en agissant sur le levier de la numérisation de la société et de l’économie, la France pouvait escompter un gain de PIB de 10 % d’ici 2025.
Un centre de recherche fondamentale en AI
Autre volet des annonces effectuées lundi, l’ouverture d’un centre de recherche fondamentale en intelligence artificielle, installé dans les locaux parisiens du géant américain. Si Google fait savoir que l’équipe de chercheurs installée à Paris « travaillera, en partenariat avec la communauté scientifique française, sur des sujets tels que la santé, les sciences, l’art ou l’environnement », aucune précision n’est donnée sur le dimensionnement de l’équipe ou les moyens dévolus. Tout juste fait-on savoir chez Google que ce sera le deuxième centre le plus important sur cette thématique en Europe, après celui de Zurich. Ce projet participe de la hausse des effectifs de Google en France (+ 50 %), qui vont être portés dans les prochains mois à plus de 1 000 employés.
Les annonces faites par Google ne sont pas sans rappeler celles faites, plus tôt dans la journée, par Facebook, dont la numéro 2, Sheryl Sandberg, était également présente à Versailles, lundi. Le réseau social a lui aussi dévoilé un programme de formations – pour 50 000 personnes éloignées de l’emploi et 15 000 femmes – et un investissement de 10 millions d’euros en faveur de la recherche en intelligence artificielle sur le sol français.
Pour ces deux membres des GAFA, les géants du Web avec Apple et Amazon, ce sommet était aussi l’occasion de rencontrer Emmanuel Macron. Sheryl Sandberg et Sundar Pichai faisaient en effet partie des rares privilégiés (quatre au total, avec les patrons de Novartis et de SAP) à qui le président accordait audience à Versailles. Des rendez-vous d’une vingtaine de minutes, où devaient être évoquées les annonces du jour, mais aussi tout autre thème que le chef de l’Etat français souhaiterait aborder, assure-t-on chez Facebook. Or les deux sociétés américaines ne manquent pas de sujets dont elles souhaiteraient s’entretenir avec M. Macron, qu’il s’agisse de la fiscalité des GAFA en Europe ou de la future loi sur les « fake news » annoncée le 3 janvier par le président. Des sujets de nature à modifier leur perception de l’attractivité française…