« Abidjan est devenue un carrefour de l’économie numérique en Afrique »
« Abidjan est devenue un carrefour de l’économie numérique en Afrique »
Propos recueillis par Haby Niakaté (Abidjan, correspondance)
Kahi Lumumba dirige l’agence Totem Experience, qui organise les Africa Digital Communication Days dans la métropole ivoirienne, les 1er et 2 mars.
Lancés en 2017 à Paris par l’agence Totem Experience, les Africa Digital Communication Days (Adicom Days) se tiennent cette année à Abidjan, jeudi 1er et vendredi 2 mars. L’événement consacré à l’économie numérique africaine n’en est qu’à sa seconde édition, mais la liste des intervenants ferait pâlir d’envie nombre d’organisateurs de grand-messes sur le continent. Des personnalités des médias, comme la Nigériane Uche Pedro, fondatrice du site Bella Naija, des stars des réseaux sociaux, comme les Français Wil Aime et Jérôme Jarre (suivis respectivement par 5 millions et 2 millions de personnes sur Facebook), des représentants de grands groupes internationaux (Coca-Cola) et hexagonaux (Canal +, TV5, Lagardère, Orange, Dailymotion, Air France…)
Le thème de cette année, « Social media, brand content, influence marketing : comment optimiser le retour sur investissement de sa communication digitale en Afrique ? », explique l’importance accordée aux rencontres entre professionnels. Seront notamment présents les Franco-Camerounais Tonjé Bakang, ex-patron du site de vidéo à la demande Afrostream, et Diane Audrey Ngako, fondatrice du site Visiter l’Afrique, l’Ivoirien Guillaume Ketty, qui dirige le cabinet de conseil Afrika Forward, ou encore le Ghanéen Kofi Dadzie, de la société de télécoms Rancard.
Kahi Lumumba, 33 ans, directeur général de Totem Experience – et petit-fils du défunt premier ministre congolais Patrice Lumumba – dévoile les coulisses de l’événement.
Les Adicom Days posent leurs valises à Abidjan. Pourquoi ?
Kahi Lumumba L’année dernière on nous demandait pourquoi Paris, aujourd’hui on nous demande pourquoi Abidjan. Décidément ! Abidjan est devenue un carrefour de l’économie numérique en Afrique, de nombreux indicateurs le montrent : il y a de plus en plus d’investissements venant d’acteurs privés ou d’institutions publiques, de plus en plus d’entrepreneurs, d’applications créées, d’incubateurs, de communautés numériques. La capitale économique ivoirienne est donc pour nous le lieu indiqué, et je peux d’ores et déjà vous assurer que nous y reviendrons très certainement pour la troisième édition.
Quelles sont les autres nouveautés ?
Après la première journée de conférences, où des experts du secteur échangeront, nous avons décidé d’ajouter une cérémonie, le soir, consacrée aux influenceurs et aux créateurs de contenus du continent. Ceux-ci partageront leurs expériences et certains d’entre eux seront récompensés dans différentes catégories : impact social, jeune talent, technologie, culture, voyage… Cette année, nous avons aussi ajouté une seconde journée d’immersion de nos invités dans des lieux d’innovation à Abidjan, tels que le laboratoire Akendewa, l’accélérateur de start-up Orange Fab et l’espace de co-working Jokkolabs.
Parmi les intervenants, on compte une majorité de représentants de groupes français et de créateurs et influenceurs vivant en France. Est-ce à dire que la communication numérique d’Afrique francophone se conçoit dans un entre-deux avec la France ?
Si de nombreuses têtes d’affiche viennent de l’étranger, de France en particulier, nous avons également invité près de 150 influenceurs ouest-africains. Ils ne prendront évidemment pas tous la parole, mais ils ont fait le déplacement pour échanger avec des influenceurs d’autres pays qui ont réussi, grâce à leur originalité et à leur régularité, à vivre de leur activité.
Sur le plan business, effectivement, ce sont ces groupes français, déjà présents dans de nombreux pays africains, qui ont le plus rapidement saisi l’opportunité du numérique afin d’atteindre leurs cibles, là où nombre d’entreprises africaines ou de plus petite taille préfèrent encore les méthodes de communication traditionnelles. Ce qui nous amène d’ailleurs à l’une des missions des Adicom Days : faire connaître davantage les techniques de communication numérique sur le continent et convaincre de leur efficacité.
Vos détracteurs affirment que ce type d’événement ne sert pas à grand-chose. Quelles en sont les retombées concrètes pour les participants ?
Je comprends parfois ces critiques, dues très souvent au fait que nous ne prenons pas assez le temps de communiquer sur nos résultats, même lorsqu’ils sont bons. Les exemples de retombées fourmillent pourtant. Il y a ce grand groupe français installé à Abidjan qui a recruté son digital manager après l’avoir rencontré lors des premiers Adicom Days, cette blogueuse qui a commencé à faire des vidéos pour une marque alimentaire à la suite d’une rencontre lors de notre événement… Quand vous avez 400 à 500 personnes d’un même secteur qui échangent dans un brainstorming géant, forcément, il y a beaucoup de choses qui se passent et que nous ne pouvons relayer systématiquement.