La sélection séries TV du « Monde »
La sélection séries TV du « Monde »
Par Renaud Machart
Chaque mardi, « La Matinale du Monde » vous propose un choix de séries à (re)découvrir sur petit écran.
LES CHOIX DE LA MATINALE
Une femme sous influence (Apple Tree Yard), une plongée dans la faune bobo new-yorkaise (High Maintenance) et le récit de 30 ans de la vie d’un prof acariâtre dans une petite ville du Maine, aux Etats-Unis (Olive Kitteridge). Voici notre sélection hebdomadaire de séries.
« Sous influence » (« Apple Tree Yard ») : une course à l’abîme
SOUS INFLUENCE Bande Annonce (2018) Emily Watson, Série TV Arte
Durée : 01:49
Le docteur Yvonne Carmichael, 52 ans, sexy mais un peu lasse, est une chercheuse réputée dans le domaine de la génétique et, à ce titre, est régulièrement consultée par le Parlement britannique dans son souci du respect d’un encadrement éthique. Alors qu’elle sort de l’une de ces commissions qui l’interrogent, elle rencontre un homme qui lui propose de lui faire visiter la crypte au sous-sol du bâtiment. L’attirance est immédiate et l’acte sexuel dans la foulée consommé.
A l’occasion d’une fête organisée par l’Institut de recherche où elle travaille, Yvonne est violée par l’un de ses collègues qui lui fait subir un chantage quant à la relation extra-maritale qu’elle entretient. La suite est une course à l’abîme passionnelle et mortifère où s’intriquent vie personnelle, meurtre et enquête menant, au bout de quatre épisodes d’une heure (donnés en une seule soirée), à un procès qui occupe le dernier tiers du troisième et l’intégralité du dernier.
Diffusée il y a un an par la BBC, Sous influence donne parfois l’impression d’être un film passablement étiré pour le faire entrer dans le format d’une minisérie. Mais on aurait mauvais jeu à dire qu’on s’y ennuie. Les deux personnages principaux, incarnés par Emily Watson (Le Mari de la ministre, Breaking the Waves) et Ben Chaplin, sont remarquables. Renaud Machart
Sous influence (Apple Tree Yard), minisérie créée par Amanda Coe. Avec Emily Watson, Ben Chaplin, Mark Bonnar (Royaume-Uni, 2016, 4x58 min). Sur Arte +7
« High Maintenance », dans la faune new-yorkaise
High Maintenance Season 2 Official Trailer (2018) | HBO
Durée : 01:37
La saison 2 de High Maintenance a confirmé que cette série, dont la saison 1 était enchanteresse de liberté et de subtilité de ton, est l’une des plus attachantes du moment. A vrai dire, elle n’a rien, dramatiquement, d’une série. Mieux vaut la considérer comme un enchaînement de nouvelles filmées qui finissent, en s’agrégeant, par créer un tout en forme de portrait de la New York bourgeoise-bohême d’aujourd’hui.
Le lien entre les épisodes est assuré par le personnage du « Mec » (« The Guy »), sympathique dealer de marijuana qui passe son temps à vélo entre ses multiples livraisons (sympathique et compatissant car, souvent, ses visites sont retardées par le récit des névroses de ses clients). Dans l’épisode 5, le « Mec » fait une chute et se retrouve aux urgences. Ce qui est l’occasion d’une pause assez étrange et passablement longuette qui ferait presque perdre le fil du récit et tout intérêt pour lui.
Après un épisode 6 intercalaire, et un peu décevant lui aussi, le septième, diffusé cette semaine, High Maintenance reprend son cours : le dealer aux airs de jeune John Malkovich (joué par Ben Sinclair, le cocréateur de la série) fait désormais ses livraisons à pied et débarque dans des univers parfois improbables où les femmes – souvent fluides sexuellement ou gay – ont la part belle. On retrouve alors l’enchantement qu’on a cru, à tort, compromis. R. Ma.
High Maintenance, saison 2, série créée par Katja Blichfeld et Ben Sinclair. Avec Ben Sinclair (EU, 2018, 10 x 20 min). Sur OCS Go à la demande.
« Olive Kitteridge » : trente ans de la vie d’une femme
HBO Miniseries: Olive Kitteridge - Trailer #1 (HBO)
Durée : 01:31
On se réjouit des prix remportés par Frances McDormand, dont l’Oscar de la meilleure actrice pour le film Three Billboards, Les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh, lors de la cérémonie des Academy Awards, dans la nuit de dimanche 4 à lundi 5 mars. On profitera de l’occasion pour rappeler l’extraordinaire Olive Kitteridge (2014), minisérie dont l’actrice américaine est le personnage principal, qu’OCS tient à disposition sur son site de rediffusion à la demande OCS Go.
Signé Lisa Cholodenko (la réalisatrice de The Kids Are All Right, 2010), d’après le roman d’Elizabeth Strout (publié en 2008), ce mélancolique et pourtant tonique film de quatre heures divisé en quatre parties montre une McDormand d’une rêche dureté, en dépit des attentions que lui vouent son époux (joué par le formidable Richard Jenkins) et son fils. Encore un personnage de femme qui ne s’en laisse pas conter – et qui donne à McDormand l’occasion d’un rôle exceptionnel, le temps d’une arche qui mène d’un suicide évité à une renaissance possible. R.Ma.
Olive Kitteridge, minisérie créée par Lisa Cholodenko (EU, 2014, 4 × 60 min). Avec Frances McDormand, Richard Jenkins, Bill Murray. Sur OCS Go à la demande.