On a testé… l’option « fauteuil roulant » de Google Maps
On a testé… l’option « fauteuil roulant » de Google Maps
Par Nicolas Six
Une nouvelle version de Google Maps permet aux personnes à mobilité réduite de planifier des itinéraires adaptés en transports en commun.
Depuis jeudi 15 mars, Google Maps permet aux personnes handicapées de planifier un itinéraire de transport en commun compatible avec l’usage d’un fauteuil roulant. Ce service est particulièrement attendu car, dans de nombreuses villes françaises, les transports publics sont un calvaire pour les personnes à mobilité réduite, et dans une moindre mesure, pour les parents dotés de poussettes.
Avec ses lignes de métro centenaires, Paris fait figure de très mauvais élève, puisqu’une seule ligne sur quatorze est équipée d’ascenseurs menant directement aux quais. Le plan des lignes de métro aménagées pour les fauteuils roulants laisse entrevoir d’immenses espaces vides dans la géographie parisienne.
A gauche, le plan des métros compatibles avec les fauteuils roulants. A droite, le plan classique. / RATP
La nouvelle option de Google Maps permet-elle de trouver des trajets alternatifs avec simplicité et efficacité ? L’outil gagnerait déjà à être plus ergonomique. Pour planifier un trajet en fauteuil roulant, il faut saisir une adresse de destination, puis une adresse de départ, presser l’icône symbolisant les transports en commun, ouvrir les options d’itinéraire, puis cocher « accessible en fauteuil roulant ».
Peu de villes réellement couvertes
Cette option est disponible partout en France, même si dans bien des villes son efficacité est douteuse.
A Paris, plutôt que le métro (en gris), Google Maps conseille de prendre un bus (en bleu). / Google
Google base ses calculs d’itinéraires sur des informations lacunaires. Pour déterminer si une station de bus, de métro ou de train de banlieue est adaptée aux personnes à mobilité réduite, Google consulte deux sources. Ses développeurs interrogent d’abord les agences de transport publiques. Pour le moment, six villes seulement ont été sondées : Londres, New York, Tokyo, Mexico, Boston et Sydney. Google précise que ce travail d’enquête sera bientôt étendu à d’autres grandes villes.
Les créateurs de Maps se basent également sur des appels à contribution, qui permettent aux usagers des transports de relater leur expérience station par station. Depuis 2016, les contributeurs de Google Maps ont tenu deux cents rendez-vous publics qui ont permis de faire progresser les informations d’accessibilité. Ce chiffre a beau être élevé, il faut le ramener à l’échelle de la planète entière : on peut alors en déduire que peu de villes françaises ont profité de contributions citoyennes.
Comment Maps conçoit-il les trajets dans les villes où les informations d’accessibilité sont pauvres, voire inexistantes ? Les métros et les lignes ferroviaires souterraines sont souvent évités. Bien souvent Google oriente les personnes à mobilité réduite vers les bus. Or, tous les autobus publics sont loin d’être conçus pour accueillir des fauteuils roulants, et toutes les stations de bus sont loin de posséder une bordure surélevée sans laquelle le chargement se révèle compliqué.
Itinéraires erronés
A Paris, les itinéraires conseillés sont souvent fiables. Mais dans d’autres villes, Google Maps commet beaucoup d’erreurs. Dans la métropole lilloise par exemple, Maps semble ignorer que la plupart des stations du métro sont équipées d’ascenseurs.
L’itinéraire conseillé à Lille (en bleu) évite le métro alors que celui-ci est équipé d’ascenseurs. / Google
La communication abondante de Google, qui vante ses services d’aide à l’accessibilité sur YouTube, cache donc une réalité moins réjouissante. Beaucoup de personnes à mobilité réduite seront déçues par l’efficacité de Maps, et seront forcées d’attendre que ce service s’améliore. Certaines prendront peut-être l’initiative d’aider Google à enrichir les informations d’accessibilité autour de chez eux.
Pour le moment, il serait préférable que Google n’affiche l’option « fauteuil roulant » que dans les villes où ce service est suffisamment efficace. A terme, les personnes à mobilité réduite apprécieraient également que Google scrute la qualité des trottoirs, et l’aménagement des bordures, parfois trop raides pour permettre l’accès aux passages piéton.
Les images que recueillent les voitures de Google en sillonnant les routes françaises constitueraient une précieuse base d’information. Car dans beaucoup de villes françaises, pour se rendre d’un point A à un point B en fauteuil roulant, la route la plus courte est souvent impraticable. Pour trouver son chemin, il faut tester plusieurs routes et apprivoiser ce qui s’apparente à un véritable labyrinthe urbain.