Julian Assange fait un signe de la main depuis le balcon de l’ambassade équatorienne où il est réfugié, à Londres, le 19 mai 2017. / Frank Augstein / AP

L’Equateur a annoncé, mercredi 28 mars, qu’il avait coupé les systèmes de communication « avec l’extérieur » de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks réfugié à l’ambassade équatorienne à Londres depuis 2012, en raison de certaines de ses prises de position, qui agacent Quito.

Le gouvernement de Lenin Moreno prévient qu’il pourra adopter « d’autres mesures » si l’Australien venait de nouveau à « manquer à son engagement » de ne pas interférer dans les relations de l’Equateur avec d’autres pays, dont les Etats-Unis. Quito n’a pas précisé de quelle manière le fondateur de WikiLeaks avait manqué à son « engagement écrit pris avec le gouvernement fin 2017, selon lequel il promettait de ne pas publier des messages constituant une ingérence dans la relation [de l’Equateur] avec d’autre Etats ».

La réaction du pays andin intervient après une série de tweets postés lundi soir par Julian Assange, où il reproche le « timing » de l’expulsion de diplomates russes par des pays occidentaux en réaction à l’empoisonnement d’un ex-agent russe au Royaume-Uni, « douze heures après l’un des pires incendies d’immeubles de l’histoire post-soviétique », celui d’un centre commercial en Sibérie.

M. Assange avait déjà été privé d’Internet après la publication par Wikileaks, en octobre 2016, de courriels piratés sur le compte Gmail de John Podesta, président de l’équipe de campagne de Mme Clinton.

La médiation entre l’Equateur et la Grande-Bretagne « au point mort »

L’Australien s’est attiré, mardi, les foudres d’un ministre britannique. « Il est très regrettable que Julian Assange reste dans l’ambassade d’Equateur », a déclaré, mardi, le secrétaire d’Etat britannique aux affaires étrangères, Alan Duncan, devant le Parlement. « Il est grand temps que ce misérable petit ver de terre sorte de l’ambassade et qu’il se rende à la justice britannique », a-t-il ajouté.

L’Australien de 46 ans avait trouvé asile en juin 2012 dans l’ambassade d’Equateur pour échapper à une extradition vers la Suède où il était recherché depuis la fin de 2010 pour des accusations de viol et d’agression sexuelle qu’il niait. Malgré l’abandon des poursuites pour viol en mai 2017, un tribunal londonien a refusé en février de lever son mandant d’arrêt au motif qu’il n’avait pas respecté les conditions de sa liberté sous caution. Il craint, en cas d’arrestation, d’être extradé et jugé aux Etats-Unis pour la publication par Wikileaks en 2010 de nombreux secrets militaires et documents diplomatiques américains.

Le gouvernement équatorien avait annoncé, fin février, que le projet de médiation proposé au Royaume-Uni pour résoudre le cas de Julian Assange était « au point mort ». Quito a accordé en décembre la nationalité équatorienne au fondateur de Wikileaks, mais Londres avait refusé de lui reconnaître un statut diplomatique qui lui aurait permis de quitter l’ambassade sans être arrêté par la police britannique.