Six questions sur « Tiangong 1 », la station spatiale chinoise en voie de désintégration
Six questions sur « Tiangong 1 », la station spatiale chinoise en voie de désintégration
Le Monde.fr avec AFP
En orbite au-dessus de la Terre depuis 2011, elle devrait se désintégrer dans la nuit de dimanche à lundi, en un lieu non déterminé.
Des images de « Tiangong 1 » en novembre 2011. | Anonymous / AP
Faut-il s’inquiéter de la chute d’une station spatiale sur la Terre, ou se réjouir du spectacle qu’offrira sa désintégration ? Les amateurs devront en tout cas scruter le ciel pour voir passer Tiangong 1, qui devrait s’écraser dans la nuit de dimanche à lundi 2 avril. Explications.
Quelle est cette station spatiale ?
Tiangong 1, qui signifie « palais céleste », est le premier laboratoire chinois à avoir été placé en orbite, en 2011, avant le lancement d’une station permanente en 2023. Sa taille est comparable à celle d’un autobus — 10,4 m sur 3,3 m, pour un poids de 8,5 tonnes au lancement —, elle est donc bien plus petite que la Station spatiale internationale, qui mesure 110 m sur 74 m, et pèse 400 tonnes.
Elle est composée d’un laboratoire expérimental et d’un module de service, ainsi que de deux panneaux solaires de 3 mètres sur 7 chacun. Ce « palais céleste » n’est pas habité en permanence, mais il a accueilli des taïkonautes (astronautes chinois) à deux reprises.
Pourquoi va-t-elle s’écraser sur Terre ?
La station spatiale aurait dû effectuer une rentrée contrôlée dans l’atmosphère à l’issue de ses missions. Ses moteurs auraient dû être pilotés du sol, pour que la désintégration se fasse dans une zone non habitée, au-dessus de l’océan Pacifique. Mais l’Agence spatiale européenne (ESA) a estimé au début de 2016 que le centre de contrôle chinois avait perdu la liaison qui permettait de piloter la station, ce qu’ont alors nié les autorités chinoises.
Le CMSEO (China Manned Space Engineering Office), responsable des vols spatiaux habités, dit désormais que la station devrait rentrer dans l’atmosphère entre dimanche 1er et lundi 2 avril, en se désintégrant totalement sous la forme d’une « splendide pluie de météorites ».
A quel endroit risque-t-elle de retomber ?
Difficile pour les scientifiques de répondre à cette question de manière précise. Selon l’ESA, « la rentrée aura lieu entre le 43º N et le 43º S », ce qui correspond à une large ceinture du globe terrestre, comprenant de nombreuses zones habitées : tout le continent africain, le sud de l’Europe, une partie de l’Asie et de la Nouvelle-Zélande, l’Australie, une grande partie de l’Amérique du Sud et une plus petite de l’Amérique du Nord.
Tiangong 1 est susceptible de survoler l’extrême sud de la France (au sud de Perpignan), la Corse, les Antilles, la Guyane ou La Réunion, selon l’Observatoire de Paris.
Zone d’arrivée probable de « Tiangong I », selon l’Agence spatiale internationale. / ESA
Peut-on observer cette station spatiale ?
Oui. Comme la station se trouvait dimanche à moins de 170 km d’altitude, elle était visible à l’œil nu en France métropolitaine. Elle est passée dans une trajectoire située entre les planètes Jupiter, Mars et Saturne entre 6 h 44 min et 6 h 47 min, heure de Paris, comme le précise Guillaume Cannat sur son blog, Autour du ciel.
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Elle pourrait de nouveau être visible lundi 2 avril à l’aube, dans la moitié sud de la France, si elle ne s’est pas déjà désintégrée. L’ESA a calculé que le moment le plus probable se situait à 23 h 45 GMT (soit 1 h 45 lundi à Paris), avec une marge de plusieurs heures.
Quel est le risque d’être touché par un fragment ?
Il est pratiquement nul, selon les spécialistes. « La plus grande partie va brûler sous l’effet de la chaleur extrême générée par l’arrivée à grande vitesse de la station dans l’atmosphère », explique l’ESA, même si on peut s’attendre à ce que « des parties résistent à ce processus et retombent sur la Terre », ajoute l’agence.
Le CMSEO évalue que le risque pour un être humain d’être touché par un débris spatial de plus de 200 grammes est de 1 sur 700 millions.
L’Observatoire de Paris estime qu’au vu de la taille de la station, des morceaux pourraient arriver au sol dans une ellipse de 500 m de large et jusqu’à 10 km de long de part et d’autre de la trajectoire, en fonction des vents en altitude.
En soixante ans de vols spatiaux, on a compté environ 6 000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l’homme, et un seul débris a touché une personne, sans la blesser, précise aussi Stijn Lemmens, un expert de l’ESA.
Quelles sont les ambitions spatiales de la Chine ?
La Chine a investi des milliards d’euros dans la conquête spatiale pour tenter de rattraper l’Europe et les Etats-Unis. Coordonnée par l’armée, elle est perçue comme un symbole de la puissance recouvrée du pays.
Pékin ambitionne d’envoyer un vaisseau spatial autour de Mars vers 2020, avant de déployer un véhicule téléguidé sur la planète rouge. L’Empire du Milieu compte aussi déployer d’ici à 2022 une station spatiale habitée, au moment où la Station spatiale internationale (ISS) aura cessé de fonctionner, et rêve d’envoyer un homme sur la Lune.