L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Malena est une jeune médecin de Buenos Aires qui entreprend un processus d’adoption illégale d’un enfant, conçue par une paysanne issue d’une famille pauvre de la province. Une complication inattendue attend la jeune femme à son arrivée, la famille de la mère réclamant en dernier ressort davantage d’argent suite à l’emprisonnement présumé du mari de Marcela, la mère biologique. D’âpres négociations s’ensuivent, tandis que la femme arrive au terme de sa grossesse et que le bébé naît sur ces entrefaites.

Sans condamner aucun de ses personnages, le réalisateur Diego Lerman s’applique à ménager les zones d’ombre qui, montrant les raisons de chacun à bien ou mal agir, suspendent notre volonté de juger. Il se livre ainsi à la chronique sociale d’un système d’adoption gravement défaillant dans les interstices duquel s’engouffrent les désirs et les nécessités des principaux protagonistes de l’histoire, au bénéfice d’un réseau d’intermédiaires (médecins, infirmières, avocats) dont on ne sait trop s’ils sont mus par l’appât du gain ou la volonté de suppléer aux tares administratives.

Une grisaille poisseuse

Tourné en caméra portée, au plus près de la protagoniste principale et de l’étrange odyssée que son désir forcené va faire naître, Notre enfant est un film très honnête, réalisé avec ce souci de la réalité sociale propre au cinéma sud-américain, mais qui ne suscite aucun engouement, sans doute à cause de la grisaille poisseuse qui caractérise ses personnages. Car si Diego Lerman parvient à éviter que nous les condamnions, il ne nous les fait pas aimer pour autant. On est ainsi très loin de l’enthousiasme qui se dégageait de son premier long-métrage, Tan de Repente (2002), titre phare du nouveau cinéma latino-américain, hélas resté sans équivalent dans la filmographie de son auteur.

Film argentin de Diego Lerman. Avec Barbara Lennie, Daniel Araoz, Claudio Tolcachir (1 h 35). Sur le Web : www.potemkine.fr/Potemkine-film/Notre-enfant-una-especie-de-familia/pa61m4f320.html