Comptes de campagne Macron : des noms de ministres testés dans un sondage en février 2017
Comptes de campagne Macron : des noms de ministres testés dans un sondage en février 2017
Par Cédric Pietralunga
Ségolène Royal, Dominique de Villepin, Christine Lagarde, Jean-Louis Borloo étaient envisagés dans le gouvernement de Macron.
Deux mois avant le premier tour de l’élection présidentielle et alors qu’il n’était même pas certain de se qualifier pour le second tour, Emmanuel Macron a commandé une étude à Ipsos pour tester la composition de son éventuel futur gouvernement. Réalisée le 23 février 2017 et facturée 18 720 euros, elle avait pour but d’« identifier les personnalités (...) attendues » par les Français et celles « perçues comme totalement repoussoirs ».
Au total, une douzaine de personnalités ont été testées par En marche !. Sans surprise, on trouve dans cette liste le socialiste Jean-Yves Le Drian – dont le ralliement était alors attendu–, présenté comme « consensuel rassurant », ou l’écologiste François de Rugy, qui venait d’annoncer son soutien à Emmanuel Macron après avoir obtenu 3,8 % des voix à la primaire de la gauche. Le futur président de l’Assemblée nationale y est jugé « crédible par tous sur son sujet de prédilection ».
Plus surprenant, les noms de Dominique de Villepin, de Christine Lagarde et de Jean-Louis Borloo ont été également soumis par Ipsos à un panel de Français, preuve qu’Emmanuel Macron avait déjà en tête l’idée de se servir de son gouvernement pour fracturer la droite. Mais leurs profils sont considérés comme clivants ou trop « ancien monde ». Thierry Breton, ex-ministre de Jacques Chirac, lui aussi testé, est cruellement perçu comme « oublié ». « Personne n’a d’avis sur ses qualités personnelles et professionnelles », écrit l’institut.
« Un repoussoir »
A gauche, Emmanuel Macron est aussi parti en chasse de noms à épingler, alors qu’il a du mal à gagner les soutiens à ce moment de sa campagne. Marisol Touraine, ministre de la santé dans le gouvernement de Manuel Valls, Bernard Kouchner et Daniel Cohn-Bendit sont envisagés, sans faire le consensus. Ségolène Royal est présentée comme « caution de gauche » mais « repoussoir pour le centre et la droite ». Certains sondés déclarés « centristes » citent aussi spontanément les noms de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve, rapporte Ipsos.
Emmanuel Macron a enfin testé le nom de François Bayrou, le patron du MoDem, qui avait annoncé la veille de l’enquête vouloir faire « alliance » avec le candidat d’En marche !. « Si son soutien est bien sûr attendu et accepté, son éventuelle participation à un gouvernement est envisagée comme un repoussoir », écrit Ipsos. Cela n’empêchera pas le futur chef de l’Etat de lui confier la chancellerie, en remerciement de son ralliement.