LES CHOIX DE LA MATINALE

Aller écouter la « Neuvième » de Mahler à La Seine musicale ; vivre une expérience artistique et ludique avec l’exposition TeamLab à La Villette ; assister au concert du pianiste de jazz Randy Weston au Duc des Lombards ; faire la fête dans les galeries d’art parisiennes avec le Paris Gallery Weekend… voici nos suggestions pour occuper cette fin de semaine.

CLASSIQUE. Susanna Mälkki et la « Neuvième », de Mahler, à La Seine musicale, à Paris

Depuis quelques années, la chef d’orchestre finlandaise Susanna Mälkki s’est fait un nom dans le grand répertoire symphonique. Longtemps surtout reconnue pour ses affinités avec la musique contemporaine, celle qui fut l’élève du grand Jorma Panula, le maître d’Esa-Pekka Salonen, a tenu pendant sept ans les rênes de l’Ensemble intercontemporain, à Paris, entre 2006 et 2013. C’est avec la création de Quartet, de Luca Francesconi, qu’elle fait ses débuts à La Scala de Milan en 2011 ; avec une reprise de L’Amour de loin de sa compatriote Kaija Saariaho, qu’elle se produit pour la première fois au Metropolitan Opera de New York en 2016, avant une nouvelle création, l’année suivante de Trompe-la-Mort, le dernier ouvrage lyrique de Francesconi, à l’Opéra de Paris. Mais c’est avec cet Everest de la musique symphonique qu’est la Neuvième de Mahler, qu’elle se produira à la tête de son Orchestre philharmonique d’Helsinki le 27 mai à la Seine musicale dans le cadre de la saison programmée par sa consœur française et directrice de l’Insula Orchestra, Laurence Equilbey. Marie-Aude Roux

« Neuvième symphonie », de Mahler. Avec l’Orchestre philharmonique d’Helsinki, Susanna Mälkki (direction). La Seine musicale. 1, île Seguin, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Dimanche 27 mai à 18 h 30. Tél. : 01-74-34-53-53. Tarifs : de 10 € à 45 €.

EXPOSITION. Une expérience artistique et ludique avec TeamLab à La Villette, à Paris

« Universe of Water Particles ». / TEAMLAB

Comment appeler autrement qu’expérience artistique cette manifestation, présentée sur 2 000 m2 sous la Grande Halle de La Villette, où tout bouge et se télescope dans une symphonie de lumières et de sons ? C’est l’exposition dont vous êtes le héros. Pas seulement parce que, plutôt que d’entrer par la porte « exposition », les visiteurs pénètrent dans la salle par l’entrée des ateliers où les enfants sont invités à dessiner fleurs et papillons qui, immédiatement scannés, iront peupler la « forêt », mais parce qu’ici tout est interactif. Vous mettez la main sur le mur où passe un banc de poissons, celui-ci change de direction, et au milieu d’eux vous créez un vortex de couleur. Vous vous tenez au milieu de la rivière de lumière, les filets d’eau vous évitent. Les corbeaux traversent la grande salle, touchent un idéogramme japonais. Aussitôt, celui-ci (lune, fleur, ciel…) répand son contenu… Dans la Grande Halle, les plantes suivent le cours des saisons, des personnages de mangas traversent la forêt de tiges géantes, et les musiciens perdus d’une parade traditionnelle que vous avez effleurés de vos doigts se mettent à grogner… Laurent Carpentier

« TeamLab : au-delà des limites », jusqu’au 9 septembre, à la Grande Halle de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Tarifs : de 10,90 € à 14,90 €. Tous les jours sauf lundi, de 10 heures à 19 heures, vendredi et samedi jusqu’à 22 heures.

JAZZ. Le pianiste Randy Weston au Duc des Lombards, à Paris

Randy Weston and Alex Blake - Berkshire Museum - May 29, 2010
Durée : 06:57

En juin 2017, le National Jazz Museum in Harlem, à New York, lui avait décerné son prix annuel de Legends of Jazz, récompensant ses « sept décennies de musique et de génie ». Le terme n’est pas exagéré à propos du pianiste Randy Weston, né à New York en 1926, dont la carrière a commencé à la fin des années 1940. Sous son nom, il enregistre un premier album en 1954, consacré à la musique de Cole Porter, et son dernier disque en date, African Nubian Suite a été publié en 2017. A ses deux grandes influences revendiquées, Thelonious Monk et Duke Ellington, dont il joue régulièrement les compositions, Randy Weston ajoute une profonde connaissance des musiques d’Afrique, où il s’est régulièrement rendu – il a vécu plusieurs années au Maroc – au contact de la diversité des cultures musicales du continent. Nombre de ses enregistrements dès Uhuru Afrika, en 1960, avec un big band somptueux, en témoignent. Ses passages en club étant rares, sa venue au Duc des Lombards, à Paris, peut faire événement. Il y jouera, vendredi 25 et samedi 26 mai, en compagnie du contrebassiste Alex Blake. Sylvain Siclier

Duc des Lombards, 42, rue des Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet, Les Halles. Tél. : 01-42-33-22-88. Vendredi 25 et samedi 26 mai, à 19 h 30 et 21 h 30. Tarifs : de 33 € à 40 € ; formules avec boisson et repas de 49 € à 92 €.

ART. Paris Gallery Weekend, deux jours de festivités dans les galeries parisiennes

Stéphane Calais (Sans titre, 2017) dans l’exposition collective « Leurs printemps », à la galerie Papillon. / MARC DOMAGE

Une quarantaine de galeries participent au Paris Gallery Weekend, samedi et dimanche, à travers cinq parcours (Beaubourg, Matignon, Nord, Saint-Germain et Turenne) et une soixantaine de rendez-vous à la clé. En préambule, le vendredi, le Centre Pompidou accueillera une série de conférences organisées par la plate-forme Talking Galleries, notamment sur les enjeux du numérique dans le champ de l’art contemporain ou l’importance grandissante des fondations à Paris. Au programme, samedi et dimanche : vernissages, visites commentées, brunchs (mais aussi apéritifs, cocktails…), rencontres, conférences, projections, ateliers, signatures, concerts et performances. Avec notamment les galeries Thaddaeus Ropac (Patrick Neu, Adrian Ghenie, Anselm Kiefer), Almine Rech (Arlene Shechet), Lelong (David Hockney), Templon (Jan Fabre dans le nouvel espace, Robert Motherwell), Nathalie Obadia (Agnès Varda, Jérôme Zonder), Georges-Philippe & Nathalie Vallois (La Maman et la Putain exposition collective), Chantal Crousel (Henrik Olesen), Christophe Gaillard (Ceija Stojka, Rachel de Joode), Rabouan Moussion (JonOne), Papillon, Backslash, RX… Emmanuelle Jardonnet

L’agenda du Paris Gallery Weekend à consulter ici. L’événement s’accompagne cette année d’un jeu concours : les visiteurs les plus assidus pourront rassembler cinq indices disséminés dans une galerie de chacun des cinq parcours pour identifier le lieu d’une caisse mystère permettant de remporter une œuvre d’art au choix.

THÉÂTRE. L’air du printemps à Théâtre en mai, à Dijon

Affiche du festival Théâtre en mai. / THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE

C’est un festival où il fait bon aller humer l’air du printemps : Théâtre en mai, à Dijon, met en avant des jeunes compagnies, accompagnées depuis 2013 d’une figure de référence du théâtre. Cette année, François Tanguy et son extraordinaire Théâtre du Radeau sont à l’honneur. Ils étaient présents à Théâtre en mai il y a trente ans, ils reviennent avec leur dernière création, Soubresaut, présenté en ouverture du festival, vendredi 25. Parmi les spectacles qui suivent, on ne saurait trop recommander ceux de David Geselson : En route-kaddish et Doreen. Dans le premier, le comédien-metteur en scène part sur les traces de son grand-père, qui a quitté la Lituanie en 1934 pour la Palestine. Dans le second, il s’inspire des Lettres à D., le livre d’amour d’André Gorz à Doreen Keir. La complexité de l’Histoire et la simplicité du récit s’allient dans ces deux beaux spectacles invités par Théâtre en mai, qui réserve un joli lot de reprises et de découvertes jusqu’au 25 mai. Brigitte Salino

Théâtre en mai, Parvis Saint-Jean, Dijon (Côte-d’Or). Tél. : 03-80-30-12-12. Soubresaut, vendredi 25 à 20 heures, samedi 26 à 16 heures, lundi 28 à 19 heures, mardi 29 à 21 heures. En route-kaddish, samedi 26 à 16 heures et dimanche 27 à 17 heures. Doreen, lundi 28 et mardi 29 mai à 19 heures.

CONTE. La princesse Kaguya d’Isabelle Genlis et Fumie Hihara au Mandapa, à Paris

La conteuse Isabelle Genlis et la musicienne Fumie Hihara au Théâtre de verdure du Jardin Shakespeare, dans le bois de Boulogne. / WWW.ISABELLEGENLIS.FR

La conteuse et comédienne Isabelle Genlis et la musicienne Fumie Hihara (au koto ou harpe japonaise) mêlent étroitement paroles et mélodies traditionnelles pour narrer les aventures de la princesse Kaguya, née d’une canne de bambou. Recueillie et élevée par un couple de vieux paysans sans enfant, elle grandit à une vitesse vertigineuse et devient rapidement une belle et talentueuse jeune fille en âge de se marier. Sa beauté sans pareil attire de nombreux prétendants, parmi lesquels les plus grands seigneurs du pays, mais elle refuse toutes leurs avances en les soumettant à des épreuves insurmontables. Celle dont le nom (Kaguya-hime) signifie la « Claire Demoiselle des bambous graciles » finira même par repousser la demande en mariage de l’empereur du Japon en personne. Ce n’est qu’après bien des péripéties que la jeune fille acceptera de dévoiler le secret de ses origines célestes. Inspiré d’un conte japonais du Xe siècle, Le Coupeur de bambous, le récit met à la fois en lumière la condition des femmes contraintes de se marier, de préférence avec un homme puissant et riche, pour avoir une existence aux yeux de la société, et propose une vision très poétique et imagée de la nature, et de phénomènes comme la naissance du mont Fuji. Une multitude d’interprétations qui fait toute la richesse de ce conte musical pour petits et grands. Cristina Marino

« Princesse Kaguya, la fille du coupeur de bambous », par Isabelle Genlis (récit) et Fumie Hihara (musique). Le samedi 26 à 20 heures et le dimanche 27 mai à 15 heures. Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, Paris 13e. Tarifs : 8 €, 12 € et 15 €.

ART. Des galeries à la cave, en Côte-d’Or

Le château de Chassagne-Montrachet (Côte-d’Or) et une partie de son vignoble. / WWW.CLIMATS-BOURGOGNE.COM

Elle est souvent dure, la vie d’un amateur d’art contemporain. Ainsi, il doit parfois s’aventurer dans des caves profondes en Côte-d’Or : à Chassagne-Montrachet par exemple, où, du 25 au 27 mai, se réunissent 13 galeries, et à Vosne-Romanée, où, dans le domaine de la Romanée-Conti, le centre d’art dijonnais Le Consortium montre une sélection de sa collection. Ce sont « Les parties de campagne », qui se sont successivement installées à Locquirec en Bretagne en 2011 et 2012, puis à Saint-Emilion en 2013, à Saint-Briac-sur-Mer en 2014 et 2015, et dont les organisateurs ont choisi, on se demande pourquoi, Chassagne-Montrachet depuis 2016… Certains sont parisiens, d’autres viennent de province et deux de l’étranger. Harry Bellet

« Une partie de campagne ». A Chassagne-Montrachet, divers lieux. Entrée libre : le 25 de 17 heures à 19 heures, le 26 de 10 h 30 à 13 heures et de 14 heures à 19 heures, le 27 mai de 10 h 30 à 13 heures et de 14 heures à 17 heures.

HIP-HOP. Rappeurs et graffeurs sont à la fête dans toute la France

Des spectacles et des concerts à Lille, à Paris, et dans toute la France. / ALDO PAREDES

Pour la troisième année d’affilée, les ministères de la culture et de l’éducation nationale célèbrent pendant une semaine la culture hip-hop en organisant des événements gratuits dans toute la France. Du 26 mai au 2 juin 2018, cinq organisations mettent donc en commun leur programmation à Paris, Nantes, Marseille, Lille et Nîmes. Du beat box à la danse hip-hop, du djing au plus célèbre rap en passant par le graffiti, aucune discipline de cette culture n’est oubliée. Le point culminant étant les concerts gratuits dans les cinq villes, le 2 juin. Rémy sera ainsi à Lille, Ninho à Paris, l’Américain Talib Kweli à Marseille, accompagné de la rappeuse Chilla, Médine et Némir à Nantes. Stéphanie Binet

Les rendez-vous du hip-hop, dans toute la France, du 26 mai au 2 juin.

DANSE. Paul-André Fortier de retour au Théâtre national de Chaillot, à Paris

Le danseur canadien Paul-André Fortier dans « Solo 70 », au Théâtre national de Chaillot. / SANDRICK MATHURIN

C’était en 2012. Il pleuvait sur le parvis du Trocadéro et le danseur Paul-André Fortier continuait d’impulser Solo 30x30 (2006), une pièce emblématique, jouée en extérieur dans le même lieu, tous les jours, à la même heure, pendant 30 jours. Le Canadien, à la présence directe, forte et fluide, est de retour au Théâtre national de Chaillot avec une nouvelle pièce Solo 70. Sur scène, il est accompagné par l’auteur Etienne Lepage ainsi que la guitariste punk Jackie Gallant. Esprit rock et au-delà, tension maximale et libération sauvage, Solo 70 entend bien exploser les repères des gestes, des sons et toutes les frontières entre les trois partenaires pour faire surgir une pure effusion physique. Rosita Boisseau

« Solo 70 », de Paul-André Fortier. Le vendredi 25 mai à 19 h 45. Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris 16e. Tarifs : de 8 € à 37 €.

POP. Rendez-vous soniques à La Villette, à Paris

Jon Hopkins - Emerald Rush (Official Video)
Durée : 03:23

De nouveaux programmateurs – la maison de production Super ! (Pitchfork, Cabourg Mon Amour…) et l’équipe du festival de la Route du rock – ont pallié le départ d’Etienne Blanchot, qui, depuis sa création, en 2006, s’occupait de la direction artistique de Villette Sonique. La qualité pop haut de gamme de ce festival printanier n’en est pas affectée, comme en témoigne, du 25 au 30 mai, une série de plateaux proposés dans différentes salles du parc de La Villette (le rêveur électro Jon Hopkins, les poètes post-punk de Deerhunter, les sculpteurs sonores de Mogwai, le retour des Bretons de Marquis de Sade…), mais aussi deux après-midi de concerts gratuits donnés en plein air, les 26 et 27 mai (Kelly Lee Owens, The Sea & Cake, Abra, Smerz, Hookworms…). Stéphane Davet

Villette Sonique, du vendredi 25 au dimanche 30 mai. Tarifs : de 28,60 € à 38,50 € et entrée libre.