Ce qu’il faut retenir du blocage des raffineries
Ce qu’il faut retenir du blocage des raffineries
Les agriculteurs occupent des raffineries et des dépôts de pétrole français pour protester contre l’utilisation d’huile de palme dans les biocarburants.
L’essentiel
- A l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs, plusieurs raffineries et dépôts de pétrole ont été bloqués en France depuis dimanche 10 juin au soir.
- Les agriculteurs protestent, notamment, contre les « incohérences du gouvernement » et les importations de produits agricoles qui ne respectent pas les critères français et européens, dont l’huile de palme utilisée dans les biocarburants.
- Le mouvement de protestation prend sa source dans le cas de la bioraffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), qui sera alimentée en partie en huile de palme à partir de cet été, alors que l’agriculture française peut fournir davantage d’huile de tournesol ou de colza – mais plus chère. L’huile de palme est par ailleurs un produit dénoncé par les écologistes, car accusé de favoriser la déforestation en Asie du Sud-Est.
La citation
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, depuis la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) :
« L’agriculture française, c’est 14 % des emplois français. C’est un secteur qui compte. Aujourd’hui 3 000 agriculteurs sont dans la rue. Est-ce qu’ils vont être écoutés ou pas ? Nous ne mourrons pas en silence. »
La photo
Les agriculteurs réunis devant le site de la Mède (Bouches-du-Rhône), lundi 11 juin. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Le tweet
« N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas ! », est le slogan utilisé par les agriculteurs dans leurs tweets, autour du mot-clé #SauvezLesAgris.
Le chiffre
C’est le stock maximum d’huile de palme qui sera utilisé chaque année pour le site de la Mède. Cela couvrira moins de 50 % de l’approvisionnement de la bioraffinerie, qui nécessitera jusqu’à 650 000 tonnes de matières premières en tout par an, incluant d’autres huiles végétales dont 50 000 tonnes de « colza français », affirme le PDG du groupe Total, Patrick Pouyanné.
La réaction
« Ces blocages sont illégaux », a déclaré, lundi, le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, estimant que « ce n’est pas en bloquant » des raffineries « qu’on trouvera des solutions ».
Il s’est néanmoins engagé à recevoir mardi les représentants de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs.
Et après ?
Les blocages pourraient se poursuivre jusqu’au 13 juin, selon les déclarations des syndicats. C’est à cette date que « doit se tenir à Bruxelles une réunion qui pourrait être décisive sur la place de l’huile de palme dans les biocarburants », affirme au Monde Arnaud Rousseau, président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP).
Pour aller plus loin
- Philippe Escande, éditorialiste au Monde, souligne dans sa chronique que « pour une fois, écologistes et agriculteurs trouvent une forme de convergence des luttes »
- Les enjeux du conflit avec la position de la FNSEA