A Toronto, le projet de « Google City » sort du bois
A Toronto, le projet de « Google City » sort du bois
Par Grégoire Allix
Sidewalk Labs, filiale d’Alphabet, a dévoilé mi-août les premières images de la ville futuriste qu’elle entend développer dans la métropole canadienne.
Sidewalk Labs donne la priorité aux espaces publics, modulables et connectés. / Sidewalk Labs
Des immeubles en bois, des espaces publics modulables, des rues chauffées… La société sœur de Google, Sidewalk Labs, a dévoilé mi-août les premières esquisses du futur quartier « intelligent » que cette filiale d’Alphabet développe à Toronto (Canada). Sur cette friche portuaire de 5 hectares baptisée Quayside, Sidewalk Labs promet d’inventer la ville du futur, une smart city dernière génération, mais la société a jusqu’ici surtout suscité l’inquiétude par sa volonté de capter massivement les données des utilisateurs de ce futur quartier.
Première indication : l’avenir est dans le bois. La ville fera la part belle aux charpentes issues des forêts canadiennes, multipliant les bâtiments à la structure en bois, y compris pour des immeubles de grande hauteur. « Sidewalk Toronto envisage d’utiliser les technologies de construction en bois à une échelle sans précédent, et étudie ce que cela impliquerait de bâtir Quayside majoritairement, voire entièrement, en bois de construction », a indiqué la société. Sidewalk Labs travaille avec l’agence de Vancouver Michael Green Architecture, spécialiste des immeubles en bois.
Le projet fait la part belle aux immeubles en bois et veut se tourner vers le lac Ontario. / Sidewalk Labs
Si la majorité des bâtiments sera « de moyenne hauteur », le projet envisage aussi des tours de trente étages en charpente de bois – les plus hauts immeubles en bois édifiés jusqu’ici ne dépassent pas dix-huit étages et la réglementation canadienne limite pour l’heure à six étages les bâtiments construits dans ce matériau.
Deuxième enseignement : le futur est dans la rue. L’espace public, parent pauvre de bien des villes américaines, fait l’objet de toutes les attentions. Avec un credo : la connectivité et la modularité. Sidewalk Labs s’est associé à une figure de l’innovation urbaine, l’architecte italien Carlo Ratti, pour inventer un modèle de « rue dynamique » : un revêtement de dalles hexagonales équipés de LED, faciles à changer et pouvant accueillir des mobiliers urbains interchangeables à différents moments de la semaine ou de la journée- banc, panier de basket, stand de marché…
Le revêtement des rues serait chauffant
Concrètement, le réseau de petites rues, où les piétons ont la priorité partout, n’a plus besoin de trottoirs. Les lumières au sol dessinent des voies de circulation modifiables à volonté selon l’heure ou l’état du traffic. Une rue peut être en un clic ouverte aux livraisons le matin et transformée en place piétonne l’après-midi… voire accueillir un concert ou une compétition sportive, quitte à changer en quelques heures les dalles de revêtement. Modulaires aussi, les rez-de-chaussée d’immeubles : des travées de 12 mètres de large et de 6 mètres de haut, séparées par des piliers en bois, qui forment des passages couverts, accueillent des marchés, des bibliothèques, des espaces communautaires, des zones de jeux, des cafés…
En rez-de-chaussée des immeubles en bois, des espaces modulables, des équipements communautaires, des passages couverts... / Sidewalk Labs
Malgré les rigueurs de l’hiver canadien, Sidewalk Labs espère mettre davantage les gens dehors. Le revêtement des rues serait chauffant pour faire disparaître la neige et la glace. Et la ville équipée d’une gamme d’écrans et d’abris imperméables en matériaux légers, qui seraient déployés et repliés automatiquement grâce à leurs capteurs et mettraient les espaces publics à l’épreuve de la neige, de la pluie, mais aussi du vent et de la canicule. « Nous croyons que nous pouvons doubler le nombre d’heures pendant lesquelles on peut profiter de Toronto en extérieur et nous voulons le tester à Quayside », explique Rit Aggarwala, l’un des dirigeants de Sidewalk Labs.
Des abris se déploieraient automatiquement devant les immeubles pour abriter les citadins de la neige et de la pluie. / Sidewalk Labs
Gadgets ou révolution ? Toujours est-il qu’après quelques mois de retard, Waterfront Toronto – l’autorité qui réunit le gouvernement canadien, la province de l’Ontario et la ville de Toronto pour financer et porter le projet – a signé le 31 juillet le contrat confiant à Sidewalk Labs le développement de Quayside, ouvrant la voie à l’aménagement du quartier.