Nouvelle mise en examen dans l’enquête sur les assistants d’eurodéputés frontistes
Nouvelle mise en examen dans l’enquête sur les assistants d’eurodéputés frontistes
L’enquête porte sur un possible « système » de rémunération avec des fonds de l’Union européenne d’assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour l’ex-Front national.
Marine Le Pen, Louis Aliot et Florian Philippot, en décembre 2015 au Parlement européen de Bruxelles. / FREDERICK FLORIN / AFP
L’affaire continue de ternir l’image du Rassemblement national (RN), naguère Front national. Pour la première fois dans l’enquête sur les assistants d’eurodéputés frontistes, la justice a procédé, mercredi 5 septembre, à une mise en examen pour « complicité de détournements de fonds publics ». Il s’agit du belge Charles Van Houtte, décrit comme un personnage-clé de l’organisation du Rassemblement national au Parlement européen.
Les juges financiers Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke enquêtent sur un possible « système » de rémunération d’assistants d’eurodéputés d’extrême droite avec des fonds de l’Union européenne de personnes qui travaillaient en réalité pour le parti. L’information judiciaire, ouverte pour « abus de confiance » et « escroquerie en bande organisée », vise dix-sept députés et les contrats d’une quarantaine de collaborateurs pour un préjudice évalué par le Parlement européen à 6,8 millions d’euros entre 2009 et 2017, sur deux mandatures.
Cheville ouvrière
Jusqu’à présent, quatorze mises en examen ont déjà été ordonnées par les magistrats. Outre le RN, sa présidente, Marine Le Pen, son compagnon, Louis Aliot, et Nicolas Bay, dont le nom circule pour conduire la liste du RN aux élections européennes de 2019, sont poursuivis pour « abus de confiance » ou « complicité d’abus de confiance », délits punissables d’une peine de trois ans de prison et de 375 millions d’euros d’amende.
Charles Van Houtte est le premier protagoniste à être mis en examen pour « complicité de détournements de fonds publics », un délit plus grave, punissable de 1 million d’euros d’amende et de dix ans de prison.
Ancienne cheville ouvrière de la gestion de ces contrats d’assistant, désormais en rupture avec le parti, Charles Van Houtte avait livré à la police en septembre 2017 un témoignage embarrassant pour la défense du Rassemblement national, affirmant avoir reçu des « instructions » de Marine Le Pen et confirmant l’existence de contrats fictifs, que contestent les dirigeants du parti. Il avait ainsi dit, durant son audition, que Thierry Légier « était garde du corps de la famille Le Pen et non pas assistant parlementaire ».
« Si mon client a été mis en examen pour complicité de détournements de fonds publics, il semble assez logique que toutes les autres personnes déjà mises en examen le soient aussi pour ce délit », a réagi jeudi Henri Laquay, l’avocat belge qui a assisté Charles Van Houtte lors de son audition devant la juge d’instruction parisienne Claire Thépaut, révélée par RTL Belgique.