L’Equerre d’argent distingue le Centre de consultation et de soins psychiatriques de Metz
L’Equerre d’argent distingue le Centre de consultation et de soins psychiatriques de Metz
Par Isabelle Regnier
Cet établissement psychiatrique, enveloppé d’une coque de béton brut savamment ajourée, a été conçu par Pascale Richter et ses associés.
Si l’architecture est l’art de résoudre la quadrature du cercle, alors le Centre de consultation et de soins psychiatriques de Metz, à Queuleu (Moselle), n’a pas volé son Equerre d’argent. Remise lundi 26 novembre au soir par un jury présidé par Bernard Plattner, directeur de l’antenne parisienne de RPBW, l’agence de Renzo Piano, et lauréat l’année dernière de l’Equerre d’argent pour le Palais de justice de Paris, cette récompense distingue un geste dont l’élégance, la sobre monumentalité, la qualité des espaces intérieurs, sont autant de signes d’une sensibilité particulièrement fine au contexte, au paysage et à la condition fragile des futurs usagers.
« Un établissement psychiatrique doit être un lieu protecteur, qui permette en même temps aux patients de se rouvrir sur le monde », a résumé Pascale Richter pour décrire le défi qui leur était posé, à elle et à ses associés. Cette délicate dialectique est prise en charge par une coque de béton brut savamment ajourée (et finement travaillée par l’artiste Grégoire Hespel) qui enveloppe tout le bâtiment.
Séparant les espaces réservés aux adultes de ceux dédiés aux enfants, soustrayant aux regards de la rue l’activité du Centre, elle multiplie à l’intérieur les vues sur diverses cours, patios, terrasses, mais aussi, à l’extérieur, sur le ciel, et le paysage végétalisé dans lequel le bâtiment vient se fondre. Tout en offrant, de l’autre coté, un caractère nouveau et bien trempé à la ZAC, naguère sans qualité, des Hauts de Queuleu.
Nouveau prix pour l’aménagement du paysage
Organisé par les publications professionnelles Le Moniteur et AMC, l’Equerre d’Argent, équivalent du Goncourt en architecture, vient récompenser chaque année « le meilleur bâtiment construit en France », et en prime une poignée d’autres, le palmarès composant une sorte de digest des hauts faits architecturaux de l’année sur le territoire hexagonal.
En décernant le Prix spécial du jury à La Fayette Anticipations, la fondation des Galeries Lafayette réalisée par OMA, l’agence de Rem Koolhaas (en association avec l’agence parisienne Data Architects et pour le compte de Citynove Asset Management), le jury a rendu hommage à cet architecte visionnaire, penseur génial de la ville, que Paris a longtemps désiré sans jamais oser s’offrir à lui.
Aussi modeste soit-elle à la lumière de son œuvre colossale, cette petite machine de fabrication et d’exposition d’art contemporain nichée à l’intérieur d’un bâtiment du Marais que les architectes des bâtiments de France ont jalousement préservé de toute altération peut sans doute s’apprécier, de fait, comme étant l’écrin du souvenir des projets fabuleux imaginés par l’architecte néerlandais pour le parc de la Villette (1982) ou le réaménagement du Forum des Halles (2004).
Venu défendre son projet le matin même devant le jury, Rem Koolhaas n’était pas présent pour la cérémonie. Il est revenu à Jean Nouvel, deuxième starchitecte présent au palmarès, d’assurer seul la caution prestige de la cérémonie. Sa Marseillaise, grande tour de bureaux bleu blanc rouge réalisée pour le promoteur Constructa, a été primée dans la catégorie « Activité ».
Dans la catégorie « Habitat », le prix est allé à la résidence pour chercheurs Julie-Victoire Daubié, réalisé par la talentueuse agence Bruther pour la régie immobilière de la ville de Paris dans le cadre des derniers développements de la Cité universitaire de Paris. Installé en bordure de périphérique, cette structure complexe de verre et de métal qui dialogue ouvertement avec l’ancienne maison de l’Iran (et actuelle fondation Avicenne) de Jean Prouvé se distingue par une austérité cartésienne, un rapport brut au matériau, à la lumière et à l’espace qui, accordés à une sensibilité pop tendance art cinétique produisent une qualité esthétique que l’on pourrait peut-être qualifier d’esprit français.
Nouveau cette année, le prix de l’aménagement du paysage est allé à l’Ecoquartier des Noés, à Val-de-Reuil (Eure), réalisé par Philippe Madec pour le compte de la Société immobilière de logement de l’Eure. Caution de durabilité dans un palmarès qui a fait la part belle au béton, ce projet dont le jury a souligné qu’il « apportait une réponse à l’urgence écologique et à la nécessité sociale » n’en récompense pas moins le fervent engagement en faveur de l’environnement de son auteur, qui faisait partie cette année des finalistes du Grand Prix de l’architecture.
Notons enfin, dans la catégorie Jeunesse, culture et sport, la salle de sport à Calais, réalisée par l’agence Face B pour le compte de la ville, et dans celle de la première œuvre, le restaurant scolaire de l’institution Notre-Dame à Pamiers (Ariège) par Cros et Leclercq, pour l’association immobilière Jeanne-de-Lestonnac.