« Un grand pays comme le nôtre mérite de grandes ambitions » : la Chine fête 40 ans de réformes économiques
« Un grand pays comme le nôtre mérite de grandes ambitions » : la Chine fête 40 ans de réformes économiques
Par Frédéric Lemaître (Pékin, correspondant)
Le président Xi Jinping a vanté le fait que le Parti communiste ait sorti le pays le plus peuplé de la planète de la pauvreté en un temps record.
Le président chinois Xi Jinping lors du discours commémorant les quarante ans de la réforme économique et de l’ouverture du pays, le 18 décembre, au Palais de l’assemblée du peuple, à Pékin. / Mark Schiefelbein / AP
« Inébranlable ». Pour marquer les quarante ans de la réforme économique et de l’ouverture du pays, lancée par le parti communiste chinois en décembre 1978, le président Xi Jinping a tenu mardi 18 décembre un discours d’une heure trente au cours duquel il a prononcé à huit reprises cet adjectif destiné à afficher sa détermination.
Dans la même veine, M. Xi, également secrétaire général du parti communiste, n’a pas hésité à recourir à plusieurs formules choc : « le grand drapeau du socialisme flotte toujours sur la terre chinoise », « personne ne peut donner de leçon au peuple chinois », « nous ne permettrons jamais la séparation d’une seule parcelle de terre de la patrie », « nous n’avons pas d’autre choix que d’aller de l’avant contre vents et marées » et, bien sûr, « tolérance zéro face à la corruption ».
La logique de Xi Jinping semble imparable. En quarante ans, le Parti communiste a sorti le pays de la pauvreté en prenant des décisions courageuses. Pour poursuivre sur cette lancée, il faut donc « maintenir et renforcer la direction du parti communiste dans toutes les activités » – c’est même le premier objectif de M. Xi, avant la satisfaction des aspirations de la population – et puisque le parti a un rôle essentiel, il est fondamental d’y faire régner une « discipline rigoureuse », voire, au besoin, de le « purifier ».
Médaille à Klaus Schwab
JASON LEE / REUTERS
Une fermeté idéologique qui n’a pas empêché Xi Jinping, au cours de la même cérémonie officielle, de remettre en personne et devant les caméras une médaille à Klaus Schwab : le fondateur du Forum économique mondial de Davos est en effet l’une des dix personnalités étrangères à figurer parmi les 110 personnes distinguées mardi pour leur « contribution exceptionnelle à la réforme et l’ouverture ». M. Schwab organise chaque année en septembre un Davos d’été, en alternance dans deux villes portuaires du nord-est de la Chine, Tianjin et Dalian.
Concernant la réforme économique, le bilan est, de fait, impressionnant. En moyenne, a rappelé Xi Jinping, le produit intérieur brut chinois a progressé de 9,5 % par an depuis quarante ans. Résultat : la Chine, qui représentait 1,8 % du PIB mondial en 1978, produit désormais 15 % de la richesse mondiale. Et le revenu moyen disponible a bondi, passant de 171 yuans en 1978 à 26 000 (3 324 euros) aujourd’hui, permettant de faire reculer la pauvreté de plus de 94 points de pourcentage.
Autant de succès qui ont permis à la Chine de passer d’un état de « pénurie à un état de moyenne aisance voire d’abondance » et donc de devenir une nation « puissante » qui « s’oppose clairement à l’hégémonie et à la politique du plus fort ». Une référence évidente aux Etats-Unis, un pays que Xi Jinping s’est bien gardé de citer et auquel il n’a envoyé aucun signal explicite permettant de réduire l’actuelle tension commerciale. Il s’est également abstenu de toute provocation à son égard.
Aucune leçon à recevoir
WANG ZHAO / AFP
Simplement, le message de Xi Jinping est clair : en sortant de la pauvreté, et en un temps record, le pays le plus peuplé du monde, le Parti communiste chinois n’a non seulement aucune leçon à recevoir de la part des Occidentaux mais, au contraire, « apporte une contribution majeure au progrès de l’humanité ». La Chine est d’ailleurs prête à jouer « progressivement un rôle central sur la scène mondiale » a-t-il précisé.
Devant des militaires soumis, a-t-il rappelé, à « la direction absolue du parti », Xi Jinping ne s’en est pas caché : « Un grand pays comme le nôtre mérite de grandes ambitions. » Et manifestement, Xi Jinping n’en manque pas et rien ne l’arrêtera. « Nous ne pouvons absolument pas hésiter et être indécis », a-t-il conclu. D’un ton martial, comme l’ensemble de son discours. Et à l’inverse de celui qu’utilisait Deng Xiaoping, il y a quarante ans.