Matera et Plovdiv, Capitales européennes de la culture 2019
Matera et Plovdiv, Capitales européennes de la culture 2019
Les villes italienne et bulgare ont succédé à Leeuwarden (Pays-Bas) et La Valette (Malte), le 1er janvier.
L’année 2019 s’ouvre sous le signe de la culture à Matera (Italie) et à Plovdiv (Bulgarie). Les deux villes ont succédé à Leeuwarden (Pays-Bas) et La Valette (Malte), le 1er janvier, au titre de Capitales européennes de la culture. C’est une première pour la Bulgarie, entrée dans l’Union européenne (UE) il y a douze ans. Pour cette 34e édition, pas moins de vingt et une villes candidates étaient en lice.
Située au sud-est de Sofia, au cœur des terres de la civilisation antique des Thraces, Plovdiv est la deuxième ville bulgare, avec 300 000 habitants. C’est l’une des plus anciennes cités d’Europe. Datée de l’époque de Troie, elle est même antérieure à Athènes et Rome. Sa devise est « Ancienne et éternelle ».
La ville millénaire s’est construite sur sept collines. Dans le cœur de la cité, les petites rues pavées s’enchevêtrent entre les maisons colorées du XIXe siècle, époque de la renaissance nationale bulgare. Une période florissante pour l’architecture et la littérature locales, ainsi que pour l’affirmation de l’identité du pays face à l’Empire ottoman. Cet élan a mené à la proclamation de l’autonomie de la Bulgarie en 1878.
Du fait de sa longue histoire, Plovdiv présente un mélange unique de cultures anciennes : thrace, romaine, bulgare, ottomane… Elle compte encore de nombreuses ruines antiques, impressionnantes, comme son théâtre romain du IIe siècle, l’un des mieux conservés au monde et l’un des rares encore en activité. Vingt ans après avoir accueilli le Mois de la culture, Plovdiv célébrera toute l’année la culture bulgare. Plus de 300 expositions, concerts, festivals et rencontres sont prévus (ainsi qu’à Varna, Sofia, Veliko et Tarnovo).
Grottes troglodytes
Plus connue que Plovdiv, la ville italienne de Matera est aussi plus ancienne. Petite ville de 60 000 habitants nichée dans la région de Basilicate, au sud de l’Italie, elle est considérée comme une des plus vieilles cités habitées au monde. Dès le paléolithique, les premiers occupants se sont installés dans ses grottes troglodytes, surnommées sassi (mot italien qui signifie « roches »). Elles étaient encore occupées jusqu’au milieu du XXe siècle.
Vue d’ensemble de la ville italienne de Matera en octobre 2018. / FILIPPO MONTEFORTE / AFP
Mais en 1952, le premier ministre italien, Alcide De Gasperi, l’un des pères fondateurs de l’UE, juge inacceptables les conditions de vie dans ces grottes, que Rome qualifie de « honte nationale ». Ce n’est qu’en 1986 que le gouvernement italien prend conscience de la valeur de ces habitats creusés dans la roche et investit dans leur réhabilitation. Sept ans plus tard, Matera est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco pour ses sassi. Plusieurs films y ont été en partie tournés, dont La Passion du Christ (2004), de Mel Gibson, et Wonder Woman (2017), de Patty Jenkins.
Avec son titre de Capitale européenne de la culture 2019, Matera souhaite faire définitivement oublier son passé de misère. L’une des idées originales de son programme culturel consistera à vendre des laissez-passer à 19 euros, valables un an. Ils permettront aux visiteurs de devenir des habitants culturels temporaires, à qui il sera demandé de laisser un objet personnel. A la fin de l’année, ces articles donneront lieu à une exposition. Seule inquiétude des Materanis : le risque de devenir une deuxième Venise, noyée sous le flot de milliers de touristes.