A l’aube d’une nouvelle journée de manifestations, le président vénézuélien Nicolas Maduro s’est dit prêt, mercredi 30 janvier, à la tenue d’élections législatives anticipées et à négocier avec l’opposition, tout en rejetant la tenue d’une nouvelle présidentielle. Dans une interview à l’agence publique russe RIA Novosti, il a déclaré :

« Ce serait très bien d’organiser des élections législatives plus tôt, cela constituerait une très bonne forme de discussion politique, une bonne solution par le vote populaire. »

En revanche, il a refusé de faire de même pour la présidentielle :

« Les élections présidentielles ont eu lieu il y a moins d’un an, il y a 10 mois. Nous n’acceptons les ultimatums de personne dans le monde, nous n’acceptons pas le chantage. Les élections présidentielles ont eu lieu au Venezuela et si les impérialistes veulent de nouvelles élections, qu’ils attendent 2025 ».

« Le Venezuela paye, toujours dans les temps »

Interrogé sur une possible médiation internationale, Nicolas Maduro assure que « plusieurs gouvernements et organisations dans le monde montrent une préoccupation sincère », ajoutant souhaiter qu’« ils soutiennent le dialogue ». Il se dit également « prêt à discuter personnellement avec Donald Trump, en public, aux Etats-Unis, au Venezuela, où il voudra, quel que soit le programme ». Il a cependant estimé que c’était « compliqué actuellement », notamment car le conseiller à la sécurité nationale John Bolton « a interdit à Trump d’entamer le dialogue ».

M. Maduro exprime également sa « reconnaissance » au président russe Vladimir Poutine qui le soutient dans cette crise. Il affirme que le Venezuela continue de recevoir « chaque mois » de l’armement russe, « le plus moderne au monde », dans le cadre des contrats en vigueur.

Le président vénézuélien a assuré que malgré la situation économique du pays, Caracas continuerait de payer ses dettes à la Chine et à la Russie, ses principaux créanciers : « Le Venezuela paye, toujours dans les temps ».

Paralyser le pays

Mercredi, l’opposition va manifester pour tenter de convaincre l’armée de tourner le dos au président Maduro et reconnaître à sa place l’opposant Juan Guaido, autoproclamé chef d’Etat par intérim.

Le président de l’Assemblée nationale, qui conteste la légitimité de Maduro et réclame de nouvelles élections, a appelé à la tenue de nouvelles manifestations de 12 heures à 14 heures (17 heures à 19 heures en France) pour paralyser le pays, en frappant dans des casseroles ou en brandissant des pancartes. Juan Guaido réclame aussi la mise en place d’un gouvernement de transition et de nouvelles élections. A ses yeux, Maduro est un « usurpateur ».

Dans un entretien au quotidien allemand Bild, il réclame par ailleurs « plus de sanctions » de la part de l’Union européenne contre le régime du président Maduro :

« Nous avons besoin de plus de sanctions de la part de l’UE, comme l’ont décidé les États-Unis ».

Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays de 32 millions d’habitants, l’un des plus violents au monde, en plein naufrage économique et déchiré par une crise politique qui se crispe autour de deux camps : les chavistes et les opposants. Neuf jours de mobilisations se sont soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon l’ONU.

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