Un préfet nommé pour coordonner la réduction des pesticides dans les régions
Un préfet nommé pour coordonner la réduction des pesticides dans les régions
Le Monde.fr avec AFP
Malgré deux plans successifs lancés depuis 2008, l’usage des pesticides de synthèse a globalement continué de progresser en France.
Les moyens alloués à la recherche pour réduire l’addiction de l’agriculture et de l’élevage aux produits phytosanitaires de synthèse vont être parallèlement renforcés, avec une dotation de 30 millions d’euros. / STÉPHANE MAHÉ / REUTERS
Il présidera un groupe de travail chargé du suivi des mesures de transition agroécologique dans les fermes françaises. Le préfet Pierre-Etienne Bisch va coordonner les acteurs publics et privés engagés en faveur de la réduction des usages de produits phytosanitaires dans toute la France, a annoncé, mercredi 10 avril, le gouvernement dans un communiqué commun de quatre ministères (agriculture, environnement, santé et recherche) publié en marge d’un comité de suivi du 3e plan de réduction des pesticides « Ecophyto II+ ».
Malgré deux plans successifs lancés depuis 2008, l’usage des pesticides de synthèse a globalement continué de progresser en France. Le gouvernement réaffirme néanmoins sa « volonté ferme d’atteindre les objectifs de réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de moitié d’ici à 2025 et de sortie du glyphosate pour une majorité des usages d’ici fin 2020 », précise le texte. Les « interprofessions végétales », qui rassemblent producteurs et transformateurs de céréales, légumineuses, oléagineux, vigne, légumes et fruits, seront réunies à la fin d’avril.
Identifier « des voies alternatives » aux phytosanitaires
Les moyens alloués à la recherche pour réduire l’addiction de l’agriculture et de l’élevage aux produits phytosanitaires de synthèse vont être parallèlement renforcés, avec une dotation de 30 millions d’euros.
Les chercheurs seront chargés d’identifier « des voies alternatives » aux phytosanitaires en « mobilisant les leviers » de « l’agroécologie, du biocontrôle, de la génétique et de la prophylaxie » (moyens médicaux pour empêcher l’apparition ou l’extension de maladies) pour permettre de « cultiver et protéger autrement », en réduisant « autant que possible le recours aux produits conventionnels ». L’appel à projets sera lancé en juin.
Sur le glyphosate, une enquête « flash » sera lancée d’ici à l’été chez les agriculteurs pour « mieux connaître les pratiques de désherbage et mesurer l’évolution des pratiques », alors que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) conduiront une « évaluation comparative des produits à base de glyphosate ».
En 2018, « 14 substances n’ont pas été renouvelées au niveau européen », et l’Anses participera dans le cadre d’un consortium de quatre Etats membres au « processus de réévaluation de la substance glyphosate dont l’échéance d’approbation est fixée à fin 2022 ».
Réduire l’usage du cuivre en viticulture
Le gouvernement confirme aussi s’attaquer aux pesticides naturels, épandus en agriculture biologique, lorsqu’ils deviennent polluants pour les sols. Ainsi une feuille de route doit être finalisée pour « développer des alternatives à l’usage du cuivre en viticulture ». Sa surabondance pourrait mettre en danger les nappes phréatiques.
Une « stratégie nationale » de déploiement du biocontrôle doit aussi faire l’objet d’une « consultation » d’ici à juin, c’est-à-dire toutes les mesures de protection basées sur les mécanismes naturels pour préserver les cultures des maladies, comme les insectes auxiliaires, les bactéries ou les champignons.
Enfin, les modalités d’épandage devraient être discutées au sein de deux groupes de travail d’ici à l’été, pour « protéger les agriculteurs, riverains et pollinisateurs ».