Des souscripteurs de la cagnotte Leetchi de soutien à Christophe Dettinger auditionnés
Des souscripteurs de la cagnotte Leetchi de soutien à Christophe Dettinger auditionnés
Le Monde.fr avec AFP
Une enquête pour « abus de confiance » a été ouverte à Paris, le 9 mai, après la plainte de participants à cette cagnotte qui accusent Leetchi d’avoir « détourné les fonds ».
Des donateurs de la cagnotte Leetchi ouverte pour soutenir l’ex-boxeur Christophe Dettinger s’interrogent après avoir été invités, par la police judiciaire, à témoigner. Une enquête pour « abus de confiance » a été ouverte à Paris, le 9 mai, après la plainte de participants à cette cagnotte qui accusent Leetchi d’avoir « détourné les fonds ».
La cagnotte avait été créée en soutien à Christophe Dettinger, filmé en train de frapper deux gendarmes lors de l’acte VIII des « gilets jaunes » le 5 janvier à Paris. Devenu un symbole du mouvement, il a été condamné en février à un an de prison ferme, aménageable en semi-liberté, et dix-huit mois de sursis avec mise à l’épreuve.
Cagnotte fermée, argent bloqué
Juste après la diffusion de la vidéo en janvier, les dons avaient afflué, atteignant en deux jours 130 000 euros selon Leetchi, 145 000 euros selon les Dettinger. Mais le 8 janvier, la plate-forme, vivement critiquée jusqu’au sein du gouvernement qui dénonçait une apologie de la violence contre les forces de l’ordre, a fermé la cagnotte et bloqué l’argent.
A la mi-avril, quarante souscripteurs ont porté plainte, estimant que Leetchi avait « manifestement détourné les fonds remis par les participants » en les « retenant », en « procédant unilatéralement au remboursement de certains participants » et « en modifiant unilatéralement [leur] destination ».
Selon Leetchi, l’organisateur s’était engagé à ce que les sommes récoltées servent « uniquement » à couvrir les frais de justice de M. Dettinger. L’organisateur « ne s’est jamais engagé à ce que les fonds ne servent que pour les frais d’avocats », répond son avocate Laurence Léger qui défend aussi le couple Dettinger.
Dans au moins un courriel dont a eu connaissance l’Agence France-Presse (AFP), un officier de la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) a invité mardi plus d’une centaine de donateurs pour venir témoigner mercredi ou jeudi. Ceux qui ne peuvent venir se sont vus adresser deux questions auxquelles ils doivent répondre par écrit : « Pour quelles raisons avez-vous souscrit un don à la cagnotte Leetchi en soutien à Christophe Dettinger ? » et « A quelle date avez-vous souscrit et quel était le motif de la cagnotte sur le site ? ».
« C’est un détournement de procédure, aucun d’entre eux ne peut aider à déterminer s’il y a eu abus de confiance », a réagi Me Léger, y voyant une forme de « pression » et d’« intimidation ».
Réquisition judiciaire
Ce message a par ailleurs été envoyé, sans cacher les adresses des uns et des autres. « Je trouve ça choquant », a déclaré l’un des souscripteurs contactés, s’étonnant d’avoir ainsi « accès à un groupe de donateurs de Leetchi, alors que dans les conditions générales on est protégé ».
Sur les réseaux sociaux mardi soir, de nombreuses personnes dénonçaient aussi le fait que Leetchi ait communiqué ces coordonnées à la police. La plateforme ne peut pourtant pas s’y opposer dans le cas d’une réquisition judiciaire.
Dans un autre dossier, la justice civile, saisie par Leetchi comme par le couple Dettinger et l’organisateur de la collecte, doit dire le 19 juin à Paris si la plateforme avait le droit de suspendre la cagnotte ou si elle doit verser l’argent à l’ex-boxeur.