Lactalis se renforce dans le yaourt aux Etats-Unis
Lactalis se renforce dans le yaourt aux Etats-Unis
LE MONDE ECONOMIE
Le groupe rachète la filiale américaine de l’allemand Ehrmann et ses deux usines qui emploient 250 salariés.
Lactalis démontre une fois de plus son appétit dévorant. Et son inclinaison, plus récente, pour le yaourt. Le groupe de Laval a en effet annoncé, lundi 8 juillet, l’acquisition de la filiale américaine de l’allemand Ehrmann et ajoute ainsi dans son escarcelle deux usines de fabrication de yaourts.
Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé. En cédant sa filiale américaine, Ehrmann Commonwealth Dairy, dont le chiffre d’affaires est estimé à 140 millions de dollars (125 millions d’euros), le groupe familial munichois solde son aventure outre-Atlantique. Avec cette opération, le français Lactalis renforce, quant à lui, son ancrage américain et s’offre deux unités de production, l’une située dans le Vermont, l’autre en Arizona. Ces deux sites qui emploient 250 personnes fabriquent yaourts et produits laitiers sous les appellations Green Mountain Creamery et Liebe, mais aussi pour des marques de distributeur (MDD).
Concurrencer Danone
« Les Etats-Unis sont un marché porteur, qui reste dynamique et ouvert à l’innovation. C’est notre quatrième marché aujourd’hui, derrière la France, l’Italie et le Canada. Nous sommes le quatrième acteur aux Etats-Unis avec Président et Galbani mais aussi à la suite des acquisitions de Stonyfield et de Siggi’s », explique Emmanuel Besnier, qui dirige l’entreprise familiale mayennaise fondée par son grand-père.
Lactalis a mis la main sur Stonyfield, il y a tout juste deux ans, lorsque Danone a été contraint de céder cette marque de yaourt bio pour obtenir le feu vert des autorités de la concurrence américaines, lors de son rachat de WhiteWave. Puis, début 2018, il s’emparait de The Icelandic Milk and Skyr, propriétaire de la marque de yaourt islandais Siggi’s. Il a aussi repris la société californienne Karoun, spécialisée dans les yaourts grecs, le kéfir et la feta. Résultat, Lactalis revendique au total 8 usines et 2 400 collaborateurs aux Etats-Unis.
Avec ces prises de position, Lactalis démontre son intérêt pour le marché du yaourt, dominé par son rival français Danone. Même si cette activité ne représente encore que 15 % de son chiffre d’affaires. Une diversification négociée en 2006 à la suite de la création d’une société commune avec Nestlé pour vendre des produits frais en Europe.
La première activité de Lactalis reste le fromage industriel. Elle a pesé un tiers de son chiffre d’affaires estimé à 18,5 milliards d’euros en 2018, en quasi-stagnation. Récemment converti à la transparence sur ses résultats financiers, le groupe mayennais affirme que son résultat net a rebondi à 425 millions d’euros l’an dernier. Il avait été écorné en 2017, à 387 millions d’euros, en raison du scandale du lait contaminé à la salmonelle qui a frappé le groupe en décembre 2017.
L’endettement du groupe devrait remonter
Lactalis avait chiffré à 300 millions d’euros le coût financier de cette affaire. La production a redémarré il y a un an, dans une des deux tours de l’usine de Craon, en Mayenne, l’autre étant fermée. « Nous sommes dans notre plan de marche dans la durée. Nous sommes loin des volumes historiques. Il faudra deux à trois ans pour revenir à ces niveaux. Il n’y a pas de projet de reconstruire une tour », précise M. Besnier.
L’endettement du groupe laitier s’est allégé à 3,886 milliards d’euros, fin 2018. Mais il devrait remonter après les opérations bouclées cette année. L’achat de la filiale américaine d’Erhmann donc. Mais aussi celle de l’activité fromage industriel de Kraft Heinz au Canada. Ou celle de la nutrition infantile du groupe Aspen. Lactalis a également annoncé, en mai, son intention de croquer Nuova Castelli, producteur et distributeur de produits laitiers italiens, dont le parmesan. A la clé : une neuvième usine aux Etats-Unis. Dans ce contexte, Lactalis s’attend à passer la barre des 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires cette année.
Où s’arrête l’appétit du groupe mayennais ? Aux frontières de la Chine, « par prudence », selon M. Besnier, qui précise aussi le périmètre laitier de son groupe. « Nous ne sommes pas une entreprise qui change de produits en fonction des modes. Le lait est plus intéressant que les jus végétaux. »
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