Des manifestants à l’aéroport international de Hongkong, lundi 12 août. / THOMAS PETER / REUTERS

L’occupation depuis vendredi d’une partie du hall d’arrivée de l’aéroport par des manifestants s’est déroulée dans une ambiance bon enfant avant d’être réprimé par la police dimanche 11 août au soir, à l’issue du dixième week-end de protestation que connaît Hongkong depuis la mi-juin.

Lundi, les manifestants ont de nouveau afflué en masse dans l’aéroport, organisant un gigantesque sit-in contre les violences policières de la veille. Selon la police, ils sont plus de 5 000 à s’être donné rendez-vous lundi dans l’aéroport. Une mobilisation massive qui a poussé la direction à annuler pour le reste de la journée les vols programmés au départ et à l’arrivée.

L’annulation de tous les vols du jour est une décision majeure pour cet aéroport internationalement reconnu pour son efficacité, et qui était en 2018 le huitième le plus fréquenté au monde, avec 74 millions de passagers.

Un passager dans le hall des départs au milieu des manifestants, lundi 12 août. / THOMAS PETER / REUTERS

Une manifestante touchée à l’œil

Le hall des arrivées de son principal terminal est depuis vendredi le théâtre d’un impressionnant sit-in. Des milliers de manifestants pour la plupart vêtus de noir y sont massés pour « accueillir » et sensibiliser les visiteurs étrangers à leur mobilisation, avec des chants, des slogans et une distribution de prospectus expliquant le sens des manifestations prodémocratie qui embrasent la ville depuis juin.

Dimanche, les forces de police n’ont pas hésité à s’en prendre violemment aux manifestants. A la suite d’un tir reçu, une manifestante pourrait perdre un œil, devenant un des symboles du mouvement. Lundi, la plupart des manifestants arboraient un pansement sur l’œil droit en hommage à cette manifestante.

Un manifestant porte un masque sur lequel est écrit « Retour », à l’aéroport de Hongkong, lundi 12 août, en hommage à une manifestante qui aurait reçu un tir dans l’œil, dimanche. / VINCENT THIAN / AP

Cathay Pacific menace des employés de licenciement

Sous pression de la Chine, la compagnie hongkongaise Cathay Pacific a averti lundi ses salariés qu’ils pourraient être licenciés s’ils « soutiennent ou participent aux manifestations illégales » à Hongkong.

Cette mise en garde est survenue alors que la compagnie aérienne essuie les représailles de Pékin en lien avec la mobilisation à Hongkong, qui est sans précédent depuis sa rétrocession par Londres à la Chine, en 1997.

La Direction générale de l’aviation civile chinoise a exigé vendredi de Cathay les noms des personnels à bord de ses vols à destination de la Chine, ou qui traversent son espace aérien. Pékin a annoncé que les employés soutenant le mouvement prodémocratie ne seraient pas autorisés sur ces vols. Cathay Pacific a déjà fait savoir qu’elle se plierait à ces demandes.

Mais dans un message au personnel, le directeur général, Rupert Hogg, a réaffirmé que les employés de Cathay encouraient des « conséquences disciplinaires » s’ils étaient impliqués dans les manifestations prodémocratie.

Pékin voit « des signes de terrorisme » dans les manifestations

Le gouvernement chinois a encore accru lundi sa dénonciation des manifestations en faveur de la démocratie à Hongkong, disant voir « des signes de terrorisme » derrière la contestation violente du pouvoir en place.

« Les manifestants radicaux de Hongkong ont à plusieurs reprises eu recours à des objets extrêmement dangereux afin d’attaquer des policiers, ce qui constitue déjà un crime grave et révèle de premiers signes de terrorisme », a accusé depuis Pékin le porte-parole du Bureau des affaires de Hongkong et Macao, Yang Guang.

Aéroport de Hongkong, lundi 12 août. / MANAN VATSYAYANA / AFP

M. Yang, qui avait la semaine dernière averti que « qui joue avec le feu se brûle à mort », a accusé « une minuscule minorité » de « grave défi à la prospérité et à la stabilité de Hongkong ». Des cocktails molotov ont été lancés en direction des policiers, a-t-il affirmé.

Les manifestants demandent la démission de Carrie Lam, la chef du gouvernement local pro-Pékin, l’élection d’un successeur au suffrage universel direct, et non sa désignation par Pékin, comme c’est actuellement la règle. Ils exigent aussi une enquête sur les violences dont ils accusent la police et l’abandon définitif d’un projet de loi controversé qui autoriserait des extraditions vers le continent.