Christian Jacob, Julien Aubert et Guillaume Larrivé : trois candidats pour sauver Les Républicains
Christian Jacob, Julien Aubert et Guillaume Larrivé : trois candidats pour sauver Les Républicains
Le Monde.fr avec AFP
Avec les 1 311 parrainages de militants nécessaires, les trois députés ont officiellement déposé, mardi, leur candidature à la présidence du parti.
Ils seront donc trois. Trois à vouloir redresser un parti plongé dans une crise profonde. Trois hommes à avoir obtenu les 1 311 parrainages de militants nécessaires. Christian Jacob, Julien Aubert et Guillaume Larrivé ont officiellement déposé, mardi 13 août, leur candidature à la présidence des Républicains (LR).
Après la fin du dépôt des candidatures ce mardi à 20 heures, la haute autorité du parti devra ensuite les examiner et les valider. Le scrutin qui décidera du futur du parti de droite est prévu les 12 et 13 octobre et, si besoin, un deuxième tour aura lieu les 19 et 20 octobre.
Déjà sonné par ses deux défaites consécutives à la présidentielle en 2012 et 2017, LR a touché le fond en mai en ne récoltant que 8,48 % des voix lors des élections européennes, poussant le patron d’alors, Laurent Wauquiez, à la démission.
Soucieux d’éviter une guerre des chefs, comme celle qui avait opposé Jean-François Copé et François Fillon en 2012, le parti, actuellement dirigé par le président intérimaire Jean Leonetti, a décidé cette fois de « dissocier » l’élection interne de la prochaine présidentielle. Par souci « d’apaisement », les candidats doivent ainsi prendre « l’engagement moral » de ne pas se présenter en 2022.
Portraits des trois candidats :
Christian Jacob, le favori
Le chef du groupe Les Républicains à l’Assemblée, Christian Jacob, le 26 juin, à Saint-Etienne. / ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Réputé favori, Christian Jacob revendique le soutien de la grande majorité des pontes du parti et les parrainages de près des deux tiers des députés LR, dont il dirige le groupe à l’Assemblée nationale depuis 2010.
Fidèle parmi les fidèles, à 59 ans, il a été trois fois ministre sous la présidence de Jacques Chirac (à la famille, au commerce puis à la fonction publique) avant de devenir le lieutenant de Jean-François Copé, à qui il a succédé à la présidence du groupe LR de l’Assemblée en 2010.
Fin connaisseur de la machine LR – il était entré à la commission exécutive du RPR dès 1995 –, il peut se targuer d’un certain sens de la négociation, déjà éprouvé lorsqu’il était président du Centre national des jeunes agriculteurs au début des années 1990.
Son entourage assure que sa décision de candidater à la tête du parti n’a rien de prémédité. « Il n’était pas, au départ, dans cet état esprit », avancent ses proches. Mais face à l’avalanche d’appels du pied – le président de l’Association des maires de France et ami François Baroin le premier, Nicolas Sarkozy, puis Laurent Wauquiez lui-même –, il a décidé de se lancer. Quant à la ligne idéologique, Christian Jacob n’en a qu’une, celle du parti, sans états d’âme.
Mais cet élu de Seine-et-Marne et ancien maire de Provins tient surtout pour principale qualité de ne nourrir aucune ambition présidentielle. La garantie, au moins provisoire, d’absence de querelle au sommet après celle ayant opposé, en 2012, François Fillon et Jean-François Copé.
Son programme ? S’appuyer sur les dernières forces du parti : la majorité au Sénat et le maillage des élus locaux.
Julien Aubert, le souverainiste
Le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, le 27 mai, à Paris. / JACQUES DEMARTHON / AFP
Après une première tentative de candidature à la tête du parti en 2017, avortée faute de parrainages suffisants, le député du Vaucluse va désormais pouvoir compter ses troupes. Il a notamment reçu le soutien de Claude Goasguen et de Gérard Longuet, et cite comme modèle « Philippe Séguin et Charles Pasqua ».
Le condisciple d’Emmanuel Macron à l’ENA – il est âgé, comme le président, de 41 ans – avait créé son mouvement, Oser la France, en 2017, s’imposant comme l’un des représentants de la branche souverainiste de LR, opposée au fédéralisme européen mais également préoccupée de justice sociale et du rôle de l’Etat.
Elu député de justesse en 2012 après le retrait d’une candidate frontiste, ce natif de Marseille, magistrat de la Cour des comptes, oppose ses « convictions gaullistes » à ses détracteurs qui l’accusent d’une certaine proximité avec le Rassemblement national (RN), dont le néogaullisme revendiqué est, pour lui, une « supercherie ».
En 2014, c’est lui qui avait été rappelé à l’ordre pour avoir refusé de féminiser les fonctions à l’Assemblée nationale. Alors que la présidence de séance, la socialiste Sandrine Mazetier, lui demandait de respecter la présidence et les instructions du bureau de l’Assemblée en l’appelant « Madame la présidente », M. Aubert avait rétorqué qu’il ne faisait que suivre « l’Académie française » en disant « Madame le président ». Comme l’impose le règlement de l’Assemblée, le député avait alors été privé, pendant un mois, du quart de l’indemnité parlementaire.
L’un de ses anciens camarades à l’Assemblée, l’ex-député LR du Vaucluse Thierry Mariani, devenu eurodéputé RN, veut croire qu’il sera « la surprise » de ce scrutin interne, comme l’avait été vingt ans plus tôt Michèle Alliot-Marie, élue à la tête du RPR face au favori d’alors, Jean-Paul Delevoye.
Pour réaliser ce tour de force, M. Aubert propose, à l’instar de ses deux concurrents, la suppression de la primaire pour la remplacer, au choix, par un système de désignation par les militants et sympathisants ou par un collège électoral de conseillers nationaux et d’élus locaux. Parmi ses projets, l’élu veut aussi « reconnecter [les] adhérents », en proposant « un référendum d’initiative militant ». Par ce biais, « un certain nombre d’adhérents ou une fédération locale pourra imposer à la direction du parti un sujet ».
Guillaume Larrivé, le libéral
Le député LR de l’Yonne, Guillaume Larrivé, à l’Assemblée nationale, en juillet 2018. / JACQUES DEMARTHON / AFP
Député de l’Yonne depuis 2012, cet énarque de la promotion 2002 s’est fait connaître du grand public à l’été 2018 en devenant le corapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée sur l’affaire Benalla, avant d’en claquer la porte en dénonçant des « pressions » de l’Elysée.
Magistrat au Conseil d’Etat, M. Larrivé, âgé de 42 ans, s’est initié à la politique dans le cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, puis comme directeur adjoint des cabinets ministériels de Brice Hortefeux de 2007 à 2011. Place Beauvau, il est le superviseur juridique des reconduites à la frontière, la bête noire des associations de défense des sans-papiers. En mars 2011, il rejoint l’Elysée, chargé des affaires juridiques et institutionnelles. Elu à l’Assemblée en 2012, ce « sarkoboy » s’était présenté deux en plus tard aux municipales à Auxerre mais avait échoué face au socialiste Guy Férez, maire de la ville depuis 2001.
Héraut d’une « droite décomplexée », comme le qualifiait Brice Hortefeux en 2012, M. Larrivé « a de solides convictions sur l’immigration et la sécurité sans jamais avoir dérapé dans son expression », appréciait l’ex-ministre de l’intérieur.
« Sorti du cimetière des technocrates » avec son élection à l’Assemblée, selon les propres mots de M. Sarkozy, il intervient régulièrement sur les sujets régaliens, domaine dans lequel il prône un « réarmement ». Sur ce terrain comme sur les questions économiques, M. Larrivé, tenant d’une ligne « nationale et libérale », retient rarement ses coups contre le chef de l’Etat, qu’il qualifie de « premier président post-national, au risque de la guerre civile ».
Pour la présidence de LR, il a notamment reçu le parrainage de l’ancien ministre de l’économie Eric Woerth. M. Larrivé promet de « faire le job » à la tête du parti, dont il veut faire non pas un « petit mouvement de protestation » mais « le grand mouvement populaire de l’après-Macron », tout en reconnaissant une situation « hypercompliquée pour Les Républicains ».