« The Boys » : des super-héros sexuels et véreux
« The Boys » : des super-héros sexuels et véreux
Par Renaud Machart
Adaptée d’une bande dessinée, la série inverse les valeurs morales dans un propos aux images et paroles très crues.
Les adeptes des super-héros et, plus particulièrement, de la bande dessinée The Boys, de Garth Ennis (pour les textes) et Darick Robertson (dessins), parue en 72 livraisons entre 2006 et 2012, retrouveront sûrement avec plaisir les personnages devenus chair et os surpuissants dans cette nouvelle série que propose Amazon Prime Video au cœur de l’été.
On peut aussi imaginer que certains regretteront les inévitables distorsions qu’occasionne le passage à l’écran. Mais ceux – dont nous sommes – qui ne sont pas familiers de cet univers de comic book ne s’ennuieront probablement pas au cours de ces huit épisodes trépidants auxquels est déjà annoncée une suite.
L’un des points saillants de The Boys est qu’elle place au centre de son propos un « Clan des Sept » de super-héros qui sont tous ou presque des « pourris » au service et à la solde de Vought International, une sorte de vaste maison close où les anabolisants coulent à flots et dont les services de sauvetage sont lourdement tarifés auprès de municipalités et d’organisations publiques nord-américaines.
La patronne profite d’ailleurs à l’occasion, dans son bureau même, des performances exceptionnelles de Homelander, le chef des « Sept », dont la combinaison moulante ne cache rien de l’anatomie avantageuse – quand elle ne donne pas le sein à un bébé dont on imagine que ses futures super-capacités ne devront pas tout au lait maternel.
Une mise en scène trépidante
Jeune et récente recrue, Annie Starlight (Erin Moriarty) est, dès son arrivée, agressée sexuellement par l’homme-poisson Kevin The Deep – qu’elle admirait avant d’intégrer les « Sept ». Progressivement, elle se rend compte des dysfonctionnements de cette puissante organisation qu’elle croyait juste et bienfaitrice.
Parallèlement, les « Boys », une unité placée sous la gouverne rugueuse de Billy « Le Boucher » (Karl Urban), tente de débusquer les méfaits des super-héros véreux. On y trouve « le Français », un rôle qui n’est bien entendu pas joué par un Français, mais par l’acteur israélien Tomer Kapon, ce qui rend un peu ridicule la chose quand il prononce avec un fort accent les nombreux mots français de ses dialogues.
Les « Boys » approchent bientôt Hughie (Jack Quaid), un geek employé d’un magasin de produits électroniques dont la petite amie a été tuée par l’un des « Sept », le coureur ultrarapide nommé A-Train. Hughie se trouve bientôt lié à la jeune Annie Starlight : un faux pas chez les « Boys », où il ne se fait pas de courir le jupon super-héroïque, mais qui pourrait s’avérer utile en matière d’infiltration…
Cette fable fait passer ses grosses ficelles moralisantes (la drogue, les anabolisants, les ravages du privé sur le service public, les faux-semblants de la religion évangélique, etc.) par une mise en scène trépidante et très sexualisée dans ses images et ses propos. On entend par exemple Billy dire du système de sécurité d’un rallye religieux qu’essaient d’infiltrer les « Boys » qu’« il est aussi verrouillé que le cul d’un enfant de chœur… »
Par les temps qui courent, on osera dire que c’est culotté – même sur une plate-forme de vidéo à la demande. Sinon, et autrement dit, on aura compris que The Boys n’est pas destinée aux jeunes gens encore peu informés de ces choses.
The Boys - Amazon Prime Video (Trailer VOSTFR)
Durée : 02:14
The Boys, saison 1, série créée par Eric Kripke. Avec Karl Urban, Jack Quaid, Tomer Kapon, Anthony Starr, Erin Moriarty, Dominique McElligott, Jessie Usher, Chace Crawford (US., 2019, 8 x 55-66 min.)