Amnesty s’alarme de la hausse des mariages forcés en Afrique de l’Ouest
Amnesty s’alarme de la hausse des mariages forcés en Afrique de l’Ouest
Le Monde.fr avec AFP
L’ONG des droits de l’homme a publié un rapport pointant une augmentation significative des mariages forcés en Afrique de l’Ouest.
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont en tête des pays d’Afrique de l’Ouest où se pratiquent le plus de mariages forcés et précoces. C’est ce que souligne le dernier rapport d’Amnesty international consacré à ces phénomènes au Burkina Faso.
« Le Niger est le pays où on a le taux le plus élevé de mariages forcés et précoces en Afrique de l’Ouest. Il est suivi du Mali puis du Burkina Faso à la troisième place » souligne Gaëton Mootoo, chercheur de l’ONG et principal auteur du rapport rendu public mardi 26 avril à Ouagadougou.
D’après ce rapport, une femme sur deux se marie avant ses 18 ans au Burkina Faso. Dans la région sahélienne de ce pays d’Afrique de l’Ouest, frontalière du Mali et du Niger, plus de la moitié des filles âgées de 15 à 17 ans sont déjà mariées, selon Amnesty International. Un constat qui hisse le Burkina Faso dans le « top 10 » mondial des pays où se pratique ce genre de mariage.
Selon M. Mootoo, des familles donnent leurs filles en mariage afin de renforcer des « alliances familiales, acquérir un statut social ou en échange de biens, d’argent et de services ».
Le rapport évoque aussi la pratique du « Pog-lenga » ou « femme bonus » (en langue mooré, la plus parlée au Burkina Faso) dans certaines régions, où la nouvelle épouse peut amener sa nièce dans la famille de son mari comme une jeune fille en plus à donner en mariage.
Mariages forcés encouragés par les mères
« Les jeunes filles résistent de plus en plus à ces mariages précoces et forcés, et, fait encourageant, elles sont soutenues par leurs mères qui ont souvent vécu la situation et veulent l’éviter à leurs filles. Mais les hommes font pression sur leurs épouses pour qu’elles obligent leurs filles à accepter le mari que les pères ont déjà choisi pour elles », constate M. Mootoo.
« Il est crucial que le gouvernement du Burkina Faso respecte le droit qu’ont les jeunes filles de prendre leurs propres décisions concernant leur corps, leur vie et leur futur », a plaidé le directeur Afrique de l’Ouest d’Amnesty international, le Sénégalais Alioune Tine.
Ce dernier a invité les nouvelles autorités du Burkina Faso à respecter leurs engagements en faveur de l’élimination du mariage des enfants, dans ce pays où sept enfants sur dix n’ont pas accès à l’école et où 46 % des 19 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins d’un dollar par jour.