Barclays veut se délester de la banque de détail en France
Barclays veut se délester de la banque de détail en France
Par Jade Grandin de l'Eprevier, Eric Albert (Londres, correspondance)
La transaction symbolise l’émergence des nouveaux petits concurrents bancaires et le retrait des grands établissements historiques.
A Londres. | TOBY MELVILLE / REUTERS
C’est tout un symbole : celui des dinosaures chassés par de nouvelles espèces plus agiles. Mercredi 27 avril, Barclays, mastodonte britannique, a annoncé être entré en négociations exclusives pour vendre ses activités en France à un fonds d’investissement, AnaCap Financial Partners.
La transaction, qui n’est pas encore conclue et dont le montant n’est pas révélé, concerne la banque de détail du groupe britannique en France : un millier d’employés, 74 points de vente, et des activités de comptes courants, de gestion de fortune et d’assurance-vie. Le tout pour environ 140 000 clients. Barclays souhaite commencer à consulter les partenaires sociaux très rapidement. Aucun volet de suppression d’emplois n’est prévu à ce jour.
Concurrence à l’ordre établi
Lancé en 2005, AnaCap est un fonds d’investissement britannique qui est spécialisé dans le lancement de petites banques qui viennent faire concurrence à l’ordre établi. Au Royaume-Uni, il a acheté en 2009 Aldermore, un établissement spécialisé dans les prêts aux PME; en Belgique, il a créé en 2013 MeDirect, une banque en ligne qui compte désormais 17000 clients; il possède aussi FM Bank en Pologne, Equa Bank en République Tchèque et Mediterranean Bank à Malte.
Si AnaCap, qui gère un portefeuille de trois milliards d’euros, est pour l’instant discret sur sa stratégie en France, son approche en République Tchèque est sans doute un bon guide de ses intentions futures. En juin 2011, le fonds avait acheté la filiale tchèque de l’établissement italien Banco Popolare, avant d’en changer le nom en Equa Bank. Depuis, il affirme avoir multiplié par quarante son nombre de clients, à 200 000 aujourd’hui, en se concentrant notamment sur les PME.
L’émergence de fonds comme AnaCap, qui perçoivent une opportunité dans le marché très encombré de la banque, est la conséquence logique du retrait progressif des leaders mondiaux du secteur. Depuis la crise, entre les pertes liées aux difficiles marchés financiers et les exigences des régulateurs - augmentation des fonds propres, de la liquidité...- les grands établissements abandonnent progressivement leurs rêves de domination mondiale.
Bilan divisé par deux
C’est le cas de Barclays, qui a réduit par deux son bilan depuis la crise de 2008. Le mois dernier, Jes Staley, le nouveau directeur général de l’établissement a annoncé son retrait d’Afrique, où elle était très présente. Sa stratégie est désormais simple: la banque de détail au Royaume-Uni, et la banque d’investissement à Londres et à New York. Le reste devient secondaire, y compris l’Asie et l’Europe continentale.
Dans ce contexte, les activités en France de Barclays avaient été mises en vente dès septembre 2015. « Elles sont attractives, mais elles ne correspondent plus à nos ambitions stratégiques, explique M. Staley. Ces activités sont bien positionnées pour se développer dans le cadre d’un nouvel actionnariat ». Barclays ne quitte néanmoins pas complètement l’Hexagone, où il garde ses activités de banque d’investissement et de banque auprès des grandes entreprises.
Quant à AnaCap, si la transaction aboutit, ce ne serait pas tout à fait son premier pas sur le marché français. Le fonds a acheté en juin 2014 AssurOne Group, un petit courtier en assurances en ligne.