Crise migratoire : l’hécatombe continue en Méditerranée
Crise migratoire : l’hécatombe continue en Méditerranée
Par Les Décodeurs
Depuis le début de l’année, plus de 1 300 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Europe.
Depuis le début de l’année, plus de 1 300 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Europe. | Matthias Schrader / AP
2015 a vu 3 770 migrants mourir aux portes de l’Europe, et 2016 pourrait bien battre ce macabre décompte. En effet, le rythme des arrivées en Europe n’a non seulement pas faibli, malgré les contrôles aux frontières de multiples pays européens, mais il a fortement augmenté.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 174 395 personnes ont gagné le vieux continent dans les trois premiers mois de 2016, alors que sur la même période, ils n’étaient « que » 21 018 en 2015, soit huit fois moins.
Le nombre de morts est logiquement, et malheureusement, en forte hausse par rapport aux années passées. On en dénombre 476 entre le 1er janvier et le 16 avril 2016, trois fois plus que sur la même période en 2015. Le décompte de l’OIM s’arrête au 16 avril 2016 et ne prend pas en compte le naufrage qui pourrait avoir fait près de 500 victimes le 17 avril dernier. Le bilan actualisé pourrait donc atteindre 1 800 morts ou disparus.
Plus de 50 000 personnes bloquées
Situation nouvelle en 2016 : les changements de politique initiés par les Etats européens ont freiné le flux migratoire et bloqué des dizaines de milliers de personnes sur les routes des Balkans ou de l’Est méditerranéen. A la date du 30 mars 2016, l’OIM a dénombré 56 814 migrants bloqués en Grèce, en Macédoine, en Serbie, en Hongrie, en Croatie, en Bulgarie et en Slovénie.
Un premier accord entre les forces de polices d’Autriche, de Slovénie, de Croatie, de Serbie et de Macédoine a été signé le 18 février 2016 afin de réduire le flux migratoire passant par la route des Balkans « au minimum possible ». Le 18 mars 2016, un second accord a été signé entre l’UE et la Turquie, obligeant cette dernière à reprendre tous les « nouveaux migrants irréguliers » entrés en Grèce.
L’entrée dans ces pays est conditionnée au règlement de l’espace Schengen qui précise dans son article cinq les conditions d’admission, dont :
- la détention d’un document de voyage (comme un passeport) en cours de validité
- la détention d’un visa uniforme Schengen en cours de validité, si la nationalité du ressortissant de pays tiers est soumise à visa
- la possession de moyens de subsistance suffisants (espèces, chèques de voyages, cartes de paiement internationales), de garanties de rapatriement (titre de transport ou attestation bancaire) et d’une attestation de souscription d’assurance médicale de voyage
Or, si une partie des migrants sont pourvus d’un passeport valide, il reste très difficile pour eux d’obtenir un visa uniforme leur permettant d’entrer dans Schengen, la procédure étant relativement lourde et décourageante.
A noter que ces conditions ne s’imposent pas pour les personnes ayant fait une demande d’asile dans le pays où elles se trouvent, le droit européen les protégeant le temps que leur demande soit étudiée.
La Grèce accueille neuf nouveaux migrants sur dix
La route des Balkans ayant été rendue quasi impossible à emprunter, l’OIM souligne que la route centrale passant par l’Italie connaît un regain d’activité, tout comme la frontière entre la Turquie et la Bulgarie. Regain tout relatif puisque presque neuf migrants sur dix choisissent de rejoindre l’Europe en traversant la mer Egée, qui sépare la Grèce de la Turquie.
L’accord signé entre la Turquie et l’Union européenne vise précisément à soulager les autorités grecques, dépassées par l’ampleur des migrations. Le premier ministre grec Alexis Tsipras avait accueilli le mécanisme de renvoi des arrivants favorablement, saluant la répartition des efforts, en affirmant que la Grèce « ne peut pas faire face toute seule ».
Au 20 avril 2016, 325 migrants ont été renvoyés en Turquie en vertu de cet accord.