En Belgique, la ministre de la mobilité accusée d’avoir négligé la sécurité dans les aéroports
En Belgique, la ministre de la mobilité accusée d’avoir négligé la sécurité dans les aéroports
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Le gouvernement belge aurait été alerté dès 2015, plusieurs mois avant l’attentat du 22 mars contre l’aéroport de Zaventem, sur de multiples manquements à la sécurité.
A l'aéroport de Zaventem. | Laurie Dieffembach / AP
Alors que la Chambre belge des représentants doit décider, jeudi 14 avril, de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars, un rapport de la Commission européenne jette le trouble et menace une ministre du gouvernement de Charles Michel.
Dès 2015, la Commission se montrait particulièrement critique sur la sécurité à Brussels Airport, ont révélé les partis Écolo et Groen, mercredi 13 avril. Un rapport interne dénonçait le manque de contrôle exercé par l’Autorité belge de l’aviation civile (BCAA). Un défaut généralisé dans la surveillance des aéroports et de leurs opérateurs était mis en évidence.
Graves déficiences
Les systèmes de détection des explosifs n’étaient pas régulièrement vérifiés, pas plus que la préparation des avions et, plus généralement, tous les systèmes de sécurité, soulignait la Commission. En 2014, ajoutait le rapport, c’est toute l’organisation (patrouilles de surveillance, contrôles physiques…) qui présentait de graves déficiences.
L’Autorité nationale ne vérifiait pas, quant à elle, si ses recommandations étaient, oui ou non, suivies d’effets, soulignaient encore les experts européens. Et elle semblait d’ailleurs incapable de démontrer que ces recommandations pouvaient remédier aux lacunes, parfois très graves, mises en évidence.
Jacqueline Galant, à droite sur cette photo, est accusée d'avoir négligé la sécurité dans les aéroports belges. | BENOIT DOPPAGNE / AFP
La ministre de la mobilité, Jacqueline Galant, une proche de M. Michel, est pointée du doigt pour ne pas avoir pris la mesure des dangers illustrés par le rapport européen. Pis : elle aurait utilisé des budgets prévus pour la lutte contre le terrorisme à d’autres fins. Ces montants auraient plutôt servi à renforcer les moyens de Belgocontrol, l’entreprise publique chargée d’assurer la surveillance du trafic aérien, qui n’a aucune compétence en matière de sécurité dans les aéroports. « La ministre a clairement commis une faute », expliquaient mercredi des députés écologistes.
« On va droit dans le mur »
Mme Galant tente de se défendre en faisant valoir des rapports moins alarmistes sur la sécurité dans les aéroports belges, assurant qu’ils sont conformes aux règles internationales. La situation de la ministre s’est toutefois un peu plus compliquée avec la démission, annoncée jeudi matin, du principal dirigeant de son administration, Laurent Ledoux. « On va droit dans le mur », a affirmé celui-ci. « Il est impossible de travailler avec Mme Galant », récidivait-il, jeudi, dans un quotidien.
En conflit ouvert avec la ministre depuis des mois, ce haut fonctionnaire qui dirigeait jusque-là SPF Mobilité – l’organisme chargé des transports au niveau fédéral – affirme avoir réclamé des moyens supplémentaires pour la sécurité dans les aéroports. Ils lui auraient été refusés. « Il n’y a pas eu de demande formelle », rétorque Mme Galant.
Cette grave polémique, qui menace l’équilibre du gouvernement de M. Michel, survient à un moment d’autant moins propice que le trafic aérien belge reste en situation instable : une grève partielle des contrôleurs de Belgocontrol a été déclenchée mardi et menace encore de perturber le trafic, à la grande fureur des passagers et des responsables des compagnies.