Fin de la grève d’un mois à l’hôtel Campanile tour Eiffel
Fin de la grève d’un mois à l’hôtel Campanile tour Eiffel
Par Francine Aizicovici
Les femmes de chambre du sous-traitant ont obtenu leur embauche par cet établissement du groupe Louvre Hotels.
Les femmes de chambre de l’hôtel Campanile tour Eiffel, dans le 15e arrondissement de Paris, ont repris le travail lundi 18 avril. Treize des 14 employés de cet établissement de 75 chambres avaient commencé une grève « illimitée » le 18 mars pour des revendications salariales et de statut. Les grévistes, parmi lesquels six salariés d’une entreprise de sous-traitance, STN, avaient prévenu qu’ils étaient prêts à poursuivre leur mouvement « jusqu’à l’Euro de foot s’il le faut », qui débute en juin. L’une de leurs principales revendications a été satisfaite : les salariées de STN sont embauchées par l’hôtel, qui reprend leur ancienneté.
L’accord de sortie de grève entre l’exploitant de l’hôtel, Gestion Saint-Charles, filiale du group Louvre Hotels détenu par le chinois Jinjiang International, et la Confédération générale du travail-Hôtels de prestige et économiques (CGT-HPE) prévoit aussi le ralentissement des cadences « indicatives » du nombre de chambres à nettoyer par heure (le paiement à la chambre étant illégal). Ce rythme passe de quatre à trois chambres. Sont aussi acquis entre autres la mensualisation des femmes de chambre et le versement de 75 % d’un treizième mois.
« Une magnifique victoire »
C’est « une magnifique victoire », se réjouit Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE. La direction de l’hôtel et celle du groupe se félicitent, de leur côté, d’avoir « particulièrement œuvré pour maintenir le dialogue et trouver un terrain d’entente dans un contexte marqué par une baisse importante de l’activité suite aux attentats de Paris ».
L’externalisation du nettoyage des chambres est un modèle économique répandu dans les hôtels. Un modèle à bas coût, car il fait dépendre les salariés de la convention collective de la propreté, bien moins avantageuse pour le personnel que celle des cafés-hôtels-restaurants. Plusieurs luttes sociales pour mettre fin à ce système – c’est une revendication centrale de la CGT-HPE depuis le début des années 2000 – ont été menées dans des hôtels ces dernières années. Mais c’est seulement la deuxième fois que l’intégration du personnel est obtenue.
Des pointeuses mises en place
La première intégration a eu lieu à la suite de la grève de vingt-huit jours organisée en 2013 dans deux établissements de Louvre Hotels à Suresnes (Hauts-de-Seine), le Première Classe et le Campanile. Les femmes de chambre avaient d’abord obtenu le treizième mois, puis, après une courte reprise de leur mouvement, leur intégration dans les effectifs permanents.
Après cet épisode, qui avait révélé des irrégularités dans les conditions de travail du sous-traitant, des négociations au sein de Louvre Hotels ont abouti en mai 2014 à une charte de la sous-traitance, signée par la CGT et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Ce document a mis fin officiellement au paiement à la chambre et prévoit notamment l’installation de pointeuses électroniques ainsi que la remise d’un relevé d’heures hebdomadaire aux salariées.
« Cette charte couvre désormais l’ensemble des sociétés de nettoyage en contrat avec les hôtels du groupe, explique-t-on aujourd’hui chez Louvre Hôtels. C’est un projet ambitieux qui fait l’objet d’un suivi annuel avec les organisations syndicales. » Le conflit qui vient de s’achever a toutefois montré qu’elle était encore inégalement respectée.