Le Red Star a brillamment assuré sa montée en Ligue 2 après sa victoire aux dépens d'Istres (4-0), vendredi 8 mai lors de la 32e journée de National. Leader du championnat avec 66 points, il ne peut plus être rejoint par le 4e, Strasbourg, distancé à sept longueurs alors qu'il reste deux journées à disputer et donc six points seulement à glaner. Seize ans après sa descente en National, le Red Star va donc évoluer de nouveau en Ligue 2, mais une condition reste à remplir : trouver un stade conforme aux normes requises par la Ligue de football professionnel.

Le stade Bauer, son antre historique de Saint-Ouen, n'est pas habilité à recevoir des rencontres de foot professionnel et le club francilien doit proposer aux instances un stade de repli d'ici début juin. Le stade Bauer, dont la configuration est actuellement limitée à 3 000 places, fait depuis 1909 la fierté de son club créé douze ans auparavant et de ses supporteurs. Mais sa vétusté ne lui permet pas de répondre aux normes, essentiellement sur le plan de la sécurité, pour accueillir des matchs de Ligue 2.

Eviter le « syndrome Luzenac »

Des possibilités en Ile-de-France existent, parmi lesquelles le stade Michel-Hidalgo de Saint-Gratien, Jean-Bouin, dévolu aux rugbymen du Stade français, voire le Stade de France, bien que trop grand. Des éventualités que refusent d'envisager les groupes de supporteurs les plus actifs qui considèrent que « le Red Star, c'est Bauer ». Les dirigeants du Red Star n'ont pas encore déterminé leur choix, mais le temps presse désormais pour éviter le « syndrome Luzenac ».

L'an passé, le club ariégeois avait gagné sur le terrain le droit de monter en Ligue 2 en terminant deuxième de National, mais son accession avait ensuite précisément capoté à cause de la non-conformité de son stade. « La région parisienne offre tout de même plusieurs possibilités », indique une source proche du dossier, pour qui les stades du Mans ou d'Amiens, qui a accueilli les matches du RC Lens en Ligue 1 cette saison, n'auraient pas les faveurs de la Ligue de football professionnel (LFP).

Objectif maintien

« Le club a jusqu'à fin mai, début juin pour faire son choix et le soumettre aux instances », a toutefois rappelé le directeur sportif du club, Steve Marlet. Après quoi ce choix sera soumis à l'examen de la commission fédérale des terrains et installations sportives de la Fédération française de football, avant d'être in fine homologué par la LFP. Sur la question du budget que devront présenter ses dirigeants à la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), le gendarme financier du foot, rien n'indique à ce jour que le Red Star, présidé par le producteur Patrice Haddad depuis 2008, « ne puisse pas assumer financièrement son accession en L2 », estime encore un familier des instances.

« De 3 millions d'euros cette saison, le budget va plus que doubler rien qu'avec les droits télévisés », à hauteur de 4,5 millions, éclaire le directeur sportif. Selon lui, la montée en Ligue 2 pourrait d'ailleurs amener « de potentiels partenaires à cogner à la porte » et rejoindre des groupes comme Bouygues ou Dailymotion. Et l'ambition sportive en Ligue 2 ? « Le maintien, répond sans ambages Marlet. Il serait prétentieux de dire qu'on va jouer autre chose. »

Club emblématique

En dépit des vicissitudes qu'il a connu (deux rétrogradations au plus bas de l'échelle en 1978 et 2003 ont sanctionné de graves problèmes de gestion) et de son absence de trophées (le dernier est la Coupe de France en… 1942), l'Etoile rouge occupe une place à part dans le football francais. Ce club a toujours conservé une forte identité populaire dans une région où les clubs professionnels en ont toujours manquė.

Son statut de formation emblématique de la banlieue et du « 9-3 » ainsi que l'ancrage marqué à gauche de ses supporteurs lui donnent une coloration politique revendiquée, caractéristique assez peu répandue en France. En février, Francois Hollande était venu assister à une rencontre de Coupe de France entre le Red Star et Saint-Etienne. A cette occasion, le président de la République avait fait savoir la sympathie que lui inspire de longue date ce club qui, ces dernières années, a vu éclore plusieurs joueurs de haut niveau tels Steve Marlet, Abou Diaby ou Alexandre Song.

La saison 2014-2015 en National pourrait sourire à une autre formation francilienne. En allant gagner (2-1) contre Marseille-Consolat, le Paris FC consolide sa position de deuxième au classement. La formation de la capitale, qui joue au stade Charléty à Paris et fit un temps maison commune avec le PSG au début des années 1970, pourrait valider sa montée la Ligue 2 lors de la prochaine journée, le 15 mai.

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