Henri Guaino : « Le sarkozysme, je ne sais pas ce que c’est »
Henri Guaino : « Le sarkozysme, je ne sais pas ce que c’est »
Par Françoise Fressoz
Invité mercredi de l’émission « Questions d’info » sur LCP, le député des Yvelines fustige une « course effrénée vers le néo libéralisme ».
Henri Guaino, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, ne se reconnaît dans aucun candidat à la primaire de la droite et du centre. « Aujourd’hui, dans les programmes qui sont mis sur la table, dans les projets, dans les idées, dans les propositions, je ne me reconnais pas », a-t-il déclaré, mercredi 4 mai, lors de l’émission Questions d’info sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.
Lorsqu’on passe en revue les principaux candidats, il répond : « Alain Juppé, c’est quand même l’homme qui a passé des décennies de sa vie à extirper le gaullisme du RPR » ; François Fillon ? « Ce serait détestable de vouloir remettre en cause le modèle social français » ; Nicolas Sarkozy ? « Je n’ai jamais été sarkozyste en dehors de l’amitié que j’éprouve pour lui et du fait que nous avons très bien travaillé ensemble. Le sarkozysme, ce n’est pas une idéologie, ni une doctrine, ni une morale de la politique. Le sarkozysme, je ne sais pas ce que c’est », a-t-il lancé.
« La fuite en avant » d’une « classe politique »
Entré en politique dans les années 1980, ayant fait le choix d’« une famille politique qui s’appelait le gaullisme », le député des Yvelines dit ne plus reconnaître les siens. Il dénonce « la fuite en avant » d’une « classe politique » qui s’obstine, selon lui, « à ne tirer aucune leçon de quarante années d’échec ». Il fustige « une course effrénée vers une espèce de néolibéralisme » et se proclame en rupture : « Je ne veux plus cautionner les politiques qu’on fait depuis trente ou quarante ans en criant : “la mondialisation, l’Europe”, regardez où ça nous mène. »
Interrogé sur une possible candidature à la primaire, il répond : « Je n’exclus rien » ; mais se veut réaliste : « On est candidat quand on a une chance de faire bouger les lignes, sinon ce n’est pas sérieux. »
A l’entendre, le pays est au bord du gouffre : « Tout est en train de se défaire, à une vitesse étonnante », constate-t-il, en ajoutant : « Les nations, la nôtre en particulier, ont besoin d’être gouvernées mais il n’y a pas de répondant. Quand les citoyens qui demandent à être gouvernés se tournent vers le politique et que le politique ne répond pas, alors commence la crise de la démocratie, et même pire que ça, la crise de la civilisation occidentale », déclame-t-il.
L’urgence, pour lui, est que la France retrouve sa souveraineté en s’émancipant de la construction européenne. « Chaque fois que se pose un problème mettant en jeu les intérêts vitaux du pays, il faut être capable de dire non à l’Europe », assène-t-il. Quand on lui fait remarquer que ce n’est pas très éloigné de ce que dit Marine Le Pen, il rétorque : « Je me fiche complètement de savoir ce que dit Marine Le Pen . Moi, ma référence, c’est la chaise vide du général de Gaulle à propos de la politique agricole commune au milieu des années 1960. »
Et il prévient : « Face à un désordre qui devient de plus en plus insupportable, ou bien nous rétablirons l’ordre par les moyens de la démocratie, avec un minimum de sens de la justice, ou bien nous aurons un autre ordre qui ne sera ni juste, ni civilisé. »