Jean-Michel Aulas se sépare de Cegid
Jean-Michel Aulas se sépare de Cegid
LE MONDE ECONOMIE
L’emblématique patron de l’Olympique lyonnais va céder ses parts de l’entreprise de logiciels qu’il a fondée à des fonds d’investissement étrangers
Le fondateur de Cégid et emblématique patron de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, en 2014. | ERIC PIERMONT / AFP
Après trente-trois ans sous les couleurs tricolores, Cegid battra bientôt pavillon étranger. La pépite lyonnaise, qui figure parmi les leaders français de l’édition de logiciels de gestion et de services cloud, pour les entreprises et les organisations du secteur public, opérera d’ici à quelques mois sous la houlette d’un consortium de fonds d’investissement américano-britannique. Le groupe a annoncé, lundi 18 avril, la cession des participations de ses principaux actionnaires, l’assureur Groupama, et Jean-Michel Aulas, via sa holding ICMI, qui détiennent respectivement 26,9 % et 10,7 % des parts de la société. « Je suis enchanté de pouvoir offrir à l’ensemble de nos actionnaires ce que je considère être (…) un prix extrêmement attractif », a commenté M. Aulas.
Le consortium à l’origine de ce rachat, qui regroupe les fonds d’investissement américain Silver Lake et britannique AltaOne Capital, lancera prochainement une offre publique d’achat amicale pour concrétiser l’opération. Cette dernière sera libellée au prix de 62,25 euros par action et de 44,25 euros par bon d’acquisition d’action remboursable, valorisant la société à 580 millions d’euros. Si les titres apportés lors de l’offre publique atteignent plus de 95 % du capital de la société, un complément de 1,25 euro par action sera ajouté. Soit une prime de 20 % par rapport au cours du 15 avril et de 44 % sur la moyenne des douze derniers mois. Une belle opération pour l’homme d’affaires rhônalpin et l’assureur Groupama, qui devraient profiter de plus-values substantielles.
Un fleuron français de l’informatique
« Cette annonce n’est pas une surprise, nous nous y attendions plus ou moins du fait de la stratégie d’accélération à l’international affichée par le groupe », commente Gilbert Ferrand, analyste chez Midcap Partners. Déjà implantée aux Etats-Unis et en Afrique, Cegid entend accélérer fortement ces prochaines années sur ces continents et devenir ainsi une référence à l’international.
Le patron du club de football l’Olympique lyonnais (OL), aujourd’hui âgé de 67 ans, avait fondé l’entreprise d’édition de logiciels en 1983 en plein cœur de la capitale des Gaules, misant sur l’essor de l’informatique dans les entreprises. Avec succès : la jeune start-up fut introduite en Bourse à peine trois ans après sa création. Trois décennies plus tard, le groupe est devenu l’un des fleurons français de l’informatique, affichant sa bonne santé, ces dernières années, dans un secteur pourtant devenu très concurrentiel. Son chiffre d’affaires a atteint 282,1 millions d’euros en 2015, en croissance de 5,8 %, pour un résultat net de 23,2 millions d’euros.
Originellement tournée vers la fourniture de solutions informatiques aux experts-comptables, la société lyonnaise compte aujourd’hui plus de 120 000 clients et 400 000 utilisateurs, dont plus de 120 000 sont équipés en mode Saas (mise à disposition de logiciels par Internet). C’est sur ce dernier segment, en très forte croissance, que Cegid concentre ses efforts.
Preuve de la vitalité du groupe, Jean-Michel Aulas a précisé qu’il conservera sa fonction de président du conseil d’administration, tout comme son bras droit, Patrick Bertrand, qui sera maintenu à la direction générale. Le patron de l’OL a également indiqué qu’il réinvestira dans la société une partie « plus que significative » des sommes tirées de la cession de ses parts. « C’est un signal fort. Cela montre qu’il croit toujours fortement à l’avenir et au potentiel de croissance de Cegid », note M. Ferrand. La vente de la société devrait être finalisée au cours du second semestre.