« Le Bureau des légendes », une série française de référence

Le Bureau des Légendes - Teaser saison 2 CANAL+ [HD]
Durée : 00:54

Longtemps, il n’y eut guère qu’« Engrenages » (Canal+) et « Un village français » (France 3) pour représenter la France dans le monde des séries de qualité. En lançant cette excellente deuxième saison du « Bureau des légendes » seulement un an après la première, Eric Rochant vient de remplir le même cahier des charges que ses collègues américains (dix épisodes livrés à un an d’intervalle), et prouve surtout avec brio qu’une série française peut trouver sa place dans la cour des meilleures productions internationales.

Pour les nouveaux venus, rappelons que la première saison nous avait immergés dans le monde du renseignement via les bureaux de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), et plus particulièrement l’un de ses départements, appelé le « Bureau des légendes »  (BDL), d’où sont pilotés (et protégés) les espions qui vivent clandestinement à l’étranger. Leur mission consiste à approcher des personnes susceptibles de devenir des sources de renseignement. Ces « clandés » opèrent sous une identité fabriquée de toutes pièces, avec un faux nom et une autre profession officielle ; autrement dit « sous légende ». On remarquera à ce propos que les noms de code de ces agents de la DGSE, dans la série, correspondent à des insultes du capitaine Haddock dans « Tintin »…

On retrouve donc Malotru (Mathieu Kassovitz), six mois après la fin de la saison passée. Promu directeur adjoint du Bureau des légendes, il ne s’en compromet pas moins en tant qu’agent double pour le compte de la CIA afin de faire libérer celle qu’il aime avec passion. Par sa faute, elle se retrouve dans les griffes de l’armée syrienne…

Approche du ministre chargé du nucléaire en Iran par une clandestine officiellement sismologue, tentative de neutraliser un groupe de Daech que dirige un Français sanguinaire, recherche méthodique d’une probable taupe au sein de la DGSE : le cinéaste Eric Rochant et ses équipes soumettent le spectateur à un feu continu de suspense, de manipulations et de revirements… sans oublier de relâcher parfois la tension pour mieux nous attacher aux personnages du « BDL ».

S’appuyant sur un scénario très solide et une troupe d’acteurs excellents, « Le Bureau des légendes » nous introduit donc dans la partie la plus secrète du renseignement, un univers d’ombre et de faux-semblant où l’on s’invente une identité et un faux passé, un monde où l’on crée des êtres de fiction… Une métaphore du cinéma, en somme. Et surtout une grande réussite d’Eric Rochant et de ses équipes.

« Le Bureau des légendes » saison 2, série créée par Eric Rochant. Avec Mathieu Kassovitz, Jean-Pierre Darroussin, Sara Giraudeau (France, 2015, 10 x 52 minutes) Diffusion à partir du lundi 9 mai à 20 h 55 sur Canal+.

« Turn » ou la naissance de l’espionnage aux Etats-Unis

Turn Washington's Spies Season One Trailer - Jamie Bell
Durée : 01:50

Adaptée du livre Washington’s Spies, la série américaine « Turn », sans être exceptionnelle, devrait plaire aux amateurs de reconstitutions historiques, ainsi qu’à ceux qui sont intrigués par le monde de l’espionnage.

Au XVIIe siècle (environ deux ans après la déclaration d’indépendance de 1776), les « patriotes » américains, menés par le général George Washington, poursuivent leur guerre pour bouter définitivement les Britanniques hors des « colonies » anglaises. Pour cela, connaître les intentions de l’ennemi s’avère vital. Ce qui amène toutes sortes de néo-Américains à s’engager contre l’occupant, contre son autorité de fer, contre le pillage institutionnalisé des biens de la toute jeune nation, et pour le droit au libre arbitre.

Que ce soit au combat ou dans le renseignement, les gens du peuple se retournent contre le royaume d’Angleterre et œuvrent pour leur terre d’accueil. Parmi eux, le fermier Abe Woodhull, qui, tout en prétendant être comme son père du côté des « tuniques rouges » (les soldats britanniques également surnommés « les homards »), s’engage de plus en plus, avec sa femme, dans l’espionnage au sein du Culper Ring, un groupe d’espions hétéroclites.

Sans prétentions extraordinaires, et n’apportant aucune touche glamour à cette série à la fois engluée dans les bois, la boue, et éclairée par de tristes lumières mais de belles trahisons, « Turn » s’avère suffisamment bien écrite, efficace et tendue de suspense pour que le public soit fidèle à ce rendez-vous hebdomadaire et que la chaîne AMC se soit engagée à produire une troisième saison. OCS la propose au fur et à mesure de sa diffusion aux Etats-Unis, soit deux épisodes disponibles le 3 mai.

« Turn », saison 3. Avec Jamie Bell, Owain Yeoman, Meegan Warner, Ksenia Solo (Etats-Unis, 2014, 10 x 50 minutes). A la demande sur OCS Go.