« Le “ni gauche, ni droite” ne nous mènera nulle part »
« Le “ni gauche, ni droite” ne nous mènera nulle part »
Se déclarer ni de droite ni de gauche, à l’image d’Emmanuel Macron, revient à rejeter les forces qui traversent la France, estime la députée Nathalie Kosciusko-Morizet.
Par Nathalie Kosciusko-Morizet, députée (LR) de l’Essonne
Depuis quelques jours, l’air d’une rengaine aux paroles faciles se fait à nouveau entendre dans le monde politique : le « ni-ni ».
Point d’Aristide Bruant pour cette Nini-là. Elle n’est ni bonne ni gentille, et on ne la croise pas plus à Bastille qu’à République. Hier invoquée pour refuser de choisir entre le Parti socialiste et le Front national, elle revient aujourd’hui « en marche », cette fois pour un « ni droite ni gauche ».
Le parti du mouvement est certes préférable à l’immobilisme et, avec d’autres, j’ai fait plusieurs fois connaître mon soutien au discours réformateur d’un Emmanuel Macron qui tranchait, sur ce point, avec le reste du gouvernement. Même si le dynamisme de sa parole n’a pas encore trouvé de traduction dans ses accomplissements en tant que ministre.
La France, pour autant, n’est pas le fruit du rejet des forces qui la traversent. Et elle ne peut l’avoir pour projet. Elle est la France et nous sommes les Français, dans la transcendance de ce qui nous oppose. Aux grandes heures nationales, 1914, 1944, 1958, c’est l’union sacrée qui a permis à la France de dépasser les crises et de se retrouver. La réaction des Français aux attaques terroristes n’a pas démenti cette constante. Seule l’impéritie présidentielle et de pauvres calculs sont venus rendre médiocre un mouvement populaire, solidaire et national qui renouait avec la grandeur française.
Dépasser, rassembler
Cette nation dont les représentants ont voulu, dans le même élan, la fin de la monarchie de droit divin, la fête de la Fédération et le culte de l’Etre suprême demeure portée, par nature, à la fusion des contradictions. L’alliage est plus fort que les métaux qui le composent.
Les Français sont ainsi. L’actualité peut les diviser. Le regard qu’ils portent ensemble sur leur histoire les rassemble. Plus prosaïquement, dans l’intimité d’un habitacle d’automobile ou repliés sur leurs oreillettes, ils alternent des compilations, de Léo Ferré à Michel Sardou, d’Aragon chanté par Ferrat à la variété la plus légère. Combien sommes-nous à frémir aux accents de la Marseillaise et à nous laisser aller à fredonner l’Internationale ? Combien d’entre nous, aux premières notes du Chant des partisans, se sentent garants de la mémoire, de « celui qui croyait au ciel » et de « celui qui n’y croyait pas ». Car « Tous adoraient la belle, prisonnière des soldats ».
La belle, c’est la France. Elle ne sera pas « ni de droite ni de gauche ». Elle sera et elle demeurera dans la capacité à dépasser, à rassembler, à additionner les forces, à dégager des majorités démocratiques d’évidence. En décembre 2015, loin des « ni-ni », au-delà des clivages et des consignes insensées, les Nordistes, les Picards, les Marseillais, les Niçois mais aussi les Champenois, les Ardenais, les Lorrains et les Alsaciens ont choisi les valeurs de la République.
Si d’aventure dans un an, ces forces, ces bonnes volontés françaises, devaient, plus largement encore, se retrouver et s’unir face à une candidature contraire aux intérêts de la France, ce ne serait pas en s’excluant mutuellement mais bien en s’additionnant pour la France.
Nathalie Kosciusko-Morizet est députée (LR) de l’Essonne. Elle est également présidente du groupe LR au Conseil de Paris. Le 7 mars, elle a annoncé sa candidature dans la primaire de la droite et du centre.