Les clés du succès de Trump dans la primaire de l’Etat de New York
Les clés du succès de Trump dans la primaire de l’Etat de New York
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Donald Trump a misé sur sa célébrité personnelle. Il s’est concentré sur les régions rurales et les villes qui ont souffert de la crise.
Meeting de Donald Trump à Poughkeepsie, dans l’Etat de New York, le 17 avril. | Darcy Padilla
Donald Trump a remporté, mardi 19 avril, la primaire républicaine de l’Etat de New York, avec 60,5 % des suffrages, contre 25,1 % au gouverneur de l’Ohio John Kasich et 14,5 % au sénateur ultraconservateur du Texas Ted Cruz.
Campagne dans les zones défavorisées
Pour l’emporter, M. Trump a misé sur sa célébrité personnelle : tout le monde connaît ses tours luxueuses à Manhattan, ses casinos, ses golfs. Et il a animé pendant dix ans « The Apprentice », une émission de téléréalité. Enfin, le candidat n’a pas manqué de rappeler son amour pour les « valeurs de New York », associées pour lui aux attentats du 11 septembre 2001, dont il a récemment visité le mémorial. M. Cruz avait usé de ces termes pour suggérer que le magnat de l’immobilier était en fait un homme de gauche, et l’attaque lui est revenue comme un boomerang.
Le candidat a pu faire l’impasse sur la Grosse Pomme. Il s’est concentré sur les régions rurales et sur des zones comme Long Island, des villes comme Albany, Buffalo, Plattsburgh et Syracuse, qui ont souffert de la crise économique, où son message populiste promettant de rendre à l’Amérique sa grandeur trouve un réel écho.
Profil de l’électorat
Dans le paysage des primaires, les électeurs républicains de l’Etat de New York dénotent : ils sont beaucoup plus ouverts, montre le sondage de sortie des urnes de CNN. Ils se définissent à 47 % comme « assez conservateurs » et seulement à 24 % « très conservateurs ».
Les chrétiens évangéliques, un des blocs d’électeurs-clés de M. Cruz, ne représentent que 27 % de cet électorat. Les seuls Etats où ces électeurs sont les moins représentés sont le Massachusetts et le New Hampshire.
Ces électeurs espèrent un renouveau : à 64 %, ils souhaitent que le prochain président ne soit pas issu de l’establishment.
How every New York City neighborhood voted in the Republican primary https://t.co/NRC0KmsVBb https://t.co/Bv9pblX7RF
— nytimes (@The New York Times)
Le discours change
Cette victoire a lieu à un moment-clé pour M. Trump. Pour contrer M. Cruz, qui connaît mieux ces règles byzantines, le magnat de l’immobilier a réorganisé son équipe de campagne, avec l’arrivée de Paul Manafort, expert en la matière. La nouvelle équipe contrôle visiblement mieux son message. M. Trump parle désormais avec des notes, il a calmé l’ardeur de ses tweets et il n’appelle plus M. Cruz « lyin’ Ted » (« Ted le menteur »), mais « le sénateur Ted Cruz ».
Dans son discours de victoire, M. Trump a appelé les dirigeants du Parti républicain à ne pas lui barrer la route par des jeux d’appareil en incitant ses deux adversaires à ne pas s’effacer alors que, selon lui, il est désormais quasi impossible mathématiquement que M. Cruz le rattrape.
Donald Trump parle désormais avec des notes, il a calmé l’ardeur de ses tweets et il n’appelle plus M. Cruz « lyin’ Ted » (« Ted le menteur »), mais « le sénateur Ted Cruz ». | JOHN MOORE / AFP
L’objectif d’une partie de l’élite républicaine, qui n’apprécie ni la personnalité ni les propositions de M. Trump, reste d’empêcher le milliardaire d’atteindre le seuil des 1 237 délégués, qui lui permettrait de remporter l’investiture dès le premier tour lors de la convention du Grand Old Party, qui se tiendra à Cleveland du 18 au 21 juillet.
Avant la primaire de New York, M. Trump comptait 756 délégués, contre 559 pour M. Cruz et 144 pour M. Kasich, selon le dernier décompte fait par l’agence Associated Press (AP). Après le dépouillement de 98,5 % des bulletins, il emporte 89 des 95 délégués à la convention. M. Kasich en a 3.
Au-delà du premier tour, les délégués peuvent changer de candidat, et le calcul des adversaires de M. Trump est de trouver une autre personnalité qui réunirait tous les suffrages ne se portant pas sur l’homme d’affaires.
MM. Cruz et Kasich décrochés
Pour espérer obtenir l’investiture républicaine, M. Cruz aurait dû gagner quelques délégués lors de cette primaire. Désormais, il rejoint M. Kasich dans la catégorie des candidats qui ne décrocheront pas l’investiture sur le terrain.
Dans certains bureaux de vote, il a même reçu moins de voix que Ben Carson, qui a pourtant abandonné la course il y a plusieurs semaines.
Who are these people voting for Ben Carson?!? https://t.co/OZJJsybjEp https://t.co/lasYWjRXq4
— GideonResnick (@Gideon Resnick)
Sans attendre les résultats, M. Cruz est parti mardi faire campagne en Pennsylvanie, tout comme M. Kasich. La Pennsylvanie organise ses primaires le 26 avril, tout comme le Connecticut, le Delaware, le Maryland et le Rhode Island. Autant d’Etats où M. Trump est donné vainqueur.